Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan et la Chancelière allemande Angela Merkel, en visite officielle en Arménie, ont rencontré des représentants des médias à l'issue de leurs négociations de haut niveau et leur ont parlé des résultats de leurs entretiens.

La déclaration du Premier ministre de la RA, Nikol Pashinyan:
"Chère Madame la Chancelière, Madame Angela Merkel,
Mesdames et Messieurs les représentants des médias,
Mesdames et Messieurs,

Comme vous le savez probablement, il s’agit de la toute première visite d’un Chancelier allemand en République d’Arménie. La visite de Madame Angela Merkel peut être qualifiée d’historique à cet égard, ce qui constitue un fait marquant dans le contexte où lequel elle se déroule. Je parle des transformations politiques en Arménie et des changements démocratiques en cours dans notre pays.

Je suis heureux que nous ayons eu des discussions assez substantielles avec Madame la Chancelière concernant les relations arméno-allemandes, celles entre l’Arménie et l’Union Européenne, ainsi que les actualités régionales et internationales.

Je suis heureux de constater que nous avons des points de vue qui coïncident sur de nombreux sujets de l’ordre du jour, ce qui prouve une fois de plus que nos pays disposent d’un grand potentiel de coopération.

Vous savez que l'Allemagne est le troisième partenaire commercial et économique de l'Arménie à l'échelle mondiale et le premier en Europe. Nous espérons que notre coopération enregistrera d’importants changements non seulement quantitatifs mais également qualitatifs.

Suite à nos entretiens, nous nous sommes convenus sur les points suivants: nous aurons un agenda commun pour des actions définies portant sur différents domaines et nous mènerons un travail précis et élaboré pour de mise en œuvre du programme proposé.

Je suis heureux que Madame la Chancelière ait déjà ressenti l'atmosphère positive en Arménie à l’égard la République fédérale d'Allemagne et pour elle personnellement. Cette atmosphère sera plus perceptible durant la suite de sa visite, car les Arméniens ont un profond respect pour l’Allemagne, pour le peuple allemand et personnellement pour Madame Angela Merkel. "

Après la décélération de la Chancelière allemande, Nikol Pashinyan et Angela Merkel ont répondu aux questions des journalistes.

Télévision publique de l'Arménie - La signature de l'accord global et renforcé entre l'Arménie et l'Union européenne offre de nouvelles possibilités, mais la question de la libéralisation des visas est toujours en suspens. Vous avez mentionné que l'Allemagne soutiendrait l'Arménie dans ce processus. Je voudrais voir dans quel sens.

Chancelière allemande, Angela Merkel - La libéralisation des visas est effective avec la Géorgie et l’Ukraine, avec lesquelles nous avons déjà signé des accords d’association. Ceci est étroitement lié à la coopération en matière de migration. Cette coopération est importante pour que l’Arménie progresse dans ce domaine et prenne des mesures.

Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan - Au cours de la discussion, nous avons déclaré qu'après les récents changements politiques en Arménie, les statistiques montrent que plus de personnes arrivent en Arménie par rapport à ceux qui quittent le pays, ce qui signifie qu'en fait, les changements politiques en Arménie devrait arrêter la vague d'émigration et conduire de plus en plus au rapatriement. Il va sans dire que le succès des processus politiques internes peut catalyser ce processus.

Deutschlandfunk - Madame la Chancelière, vous êtes allée au Mémorial du génocide pour commémorer les victimes du génocide. Qu'avez-vous ressenti pendant que vous déposiez des fleurs ? J'aimerais aussi demander à M. Pashinyan: qu'est-ce qui vous rend si optimiste quant à la capacité de l'Arménie à trouver un équilibre efficace entre ses relations avec l'UE et la Russie?

Chancelière allemande, Angela Merkel - Je suis allée au mémorial de Tsitsernakaberd pour rendre hommage dans l'esprit de la résolution du Bundestag de juin 2016. Je pense qu'une étape importante a été franchie pour développer la culture de la commémoration. Nous pouvons assister à un règlement politique, mais ce n’est pas du tout un problème juridique pour moi. Cet état d'esprit m'a amené à rendre hommage au Mémorial Tsitsernakaberd.

Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan - Pour autant que je sache, votre question impliquait une nuance. Vous avez voulu dire l'équilibre des politiques menées. Je tiens à dire ce qui suit: la République d'Arménie ne construit pas sa politique étrangère avec un partenaire au détriment d'autres partenaires.

Nous avons déclaré qu’il n’y aura pas de revirement dans la politique étrangère de l’Arménie après la révolution de velours; aucun demi-tour ne se produira.

Nous en avons l'intention ferme et nous allons mettre en œuvre cette intention de développer nos relations avec la Russie dans le cadre de l'Union économique eurasienne et de l'OTSC, nous développons des relations avec les pays de l'UE, y compris l'Allemagne. Au cours des discussions, nous avons constaté que cette approche de politique étrangère est pleinement comprise par la République fédérale d’Allemagne, et nous ne voyons ni contradiction ni contrepoids. C'était l'esprit de notre discussion et je pense que Madame la Chancelière confirmera cette position.

Armenia TV - Madame la Chancelière, à notre connaissance, des contacts techniques liés à la coopération entre l'Union économique eurasienne et l'Union européenne ont eu lieu. Est-il possible de prendre des mesures plus concrètes dans cette direction à l'avenir et comment voyez-vous le rôle de l'Arménie dans ce contexte ?

Chancelière allemande, Angela Merkel - L’Arménie est un bon exemple de la manière dont on peut simultanément coopérer avec la Russie et l’Union européenne. Bien sûr, il n’y a pas beaucoup de place de manœuvre à cet égard. L'Union économique eurasienne est pratiquement une zone de libre-échange. Mais il y a beaucoup d'autres opportunités économiques à exploiter ici.

Les négociations formelles entre l'Union économique eurasienne et l'Union européenne ne sont pas à prévoir dans un avenir proche, mais je pense que le bon exemple de l'Arménie montre qu'il est possible de le faire.

Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan - Je tiens à souligner la chose suivante : en effet, l'espace économique de l'Union eurasienne revêt une importance économique particulière pour l'Arménie, mais nous avons également constaté que l’UE est avec l’Arménie dans un régime GSP+, ce qui permet d’augmenter le volume des échanges commerciaux.

Dans mon discours d’introduction, j’ai déclaré que nous avions pour tâche de modifier nos relations commerciales et économiques non seulement en termes de quantité, mais aussi de qualité, et que c’est un élément important de notre programme commun de progresser de manière satisfaisante dans cette direction.

Bild newspaper - Madame la Chancelière, vous avez déjà évoqué le conflit du Haut-Karabakh. En vue de votre prochaine visite en Azerbaïdjan, l'Azerbaïdjan n'a pas encore délivré de visa pour l'un des membres de votre délégation qui est membre du Bundestag allemand. Cela ne gêne pas votre visite ? Et, Monsieur le Premier ministre, comment évaluez-vous le comportement de l’Azerbaïdjan dans ce conflit ?

Chancelière allemande, Angela Merkel - J'en ai déjà parlé. Nous avons décidé que lors de la visite en Azerbaïdjan, nous serons accompagnés d’un autre membre du Bundestag. Je parle bien sûr du groupe de coopération parlementaire avec le Caucase du Sud.

Nous sommes arrivés à cette décision car il était important pour nous de poursuivre ces négociations, car toutes les négociations sont le seul moyen pour résoudre les conflits. Lorsque les gens sont réticents à parler, les conflits ne peuvent pas être résolus.

C'était important pour nous de visiter cette région. Le temps avance sans attendre, et nous devons faire tout notre possible pour résoudre ce conflit le plus rapidement possible.

Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan - Je suis heureux de constater que l'Allemagne appuie pleinement les efforts déployés par les coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE visant à régler le conflit du Haut-Karabakh. L'Allemagne et personnellement Madame la Chancelière respectent le fait que le problème du Haut-Karabakh peut être réglé exclusivement par des moyens pacifiques. C’est pourquoi il est crucial de créer une atmosphère de règlement dans la région. L’Arménie apprécie les efforts déployés par la République fédérale d’Allemagne pour créer cette atmosphère.