Communiqués de presse
« Si nous avons pris cette responsabilité, alors nous devons faire des efforts pour apporter de réels changements dans la région »; Discours du Premier ministre au Forum sur la paix
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Le Premier ministre Nikol Pashinyan a participé à une discussion thématique dans le cadre du Deuxième Forum de Paris sur la Paix. La discussion a été dirigée par Steven Erlanger, correspondant diplomatique en chef de New York Times Europe.
Dans son intervention, le Premier ministre a remercié le Président français Emmanuel Macron pour une initiative aussi importante et a souligné qu'il s'agissait d'une plate-forme importante pour discuter des défis sécuritaires actuels et pour élaborer des solutions communes afin de les surmonter.
« Que devez-vous savoir sur l'environnement de sécurité de notre pays? Je dois noter un fait très étrange: deux de nos quatre frontières sont fermées, les deux autres sont fermées à moitié. Pourquoi fermées à moitié, parce que nous avons une frontière avec l'Iran au sud, et comme vous le savez, il y a certaines tensions autour de l'Iran, notre frontière nord est avec la Géorgie, et les relations tendues entre la Géorgie et la Russie portent un impact négatif.
Bien entendu, le défi sécuritaire le plus important pour nous est la question du Haut-Karabagh. Et a vrai dire, en devenant Premier ministre d’Arménie et en m’impliquant dans les affaires internationales, j’ai été surpris de voir un certains niveau de méconnaissance sur le problème du Haut-Karabagh au sein de la communauté internationale.
Et il y a un autre fait intéressant que toute personne s'intéressant à la question du Haut-Karabagh devrait savoir - la raison pour laquelle ce conflit a éclaté. Tout d'abord, la raison en était la décision du régime de Staline de transférer le Karabakh à l'Azerbaïdjan soviétique nouvellement formé. Lorsque Mikhaïl Gorbatchev est devenu dirigeant de l'Union soviétique en 1986, il a entamé un processus de réformes démocratiques et a déclaré la démocratie, la perestroïka. La grande majorité de la population du Karabagh - arménienne depuis toujours - ayant le statut de région autonome en Azerbaïdjan soviétique, a décidé de saisir cette occasion et, conformément à la législation de l'URSS, a décidé de se séparer de l'Azerbaïdjan.
Les autorités de l'Azerbaïdjan soviétique ont décidé de réprimer ce mouvement en utilisant des leviers de la force, de la police etc. C’est ainsi que se forme la phase initiale de ce conflit. Puis, lorsque la chute de l'URSS a commencé, l'Azerbaïdjan, comme beaucoup d'autres États soviétiques, a décidé de devenir un État indépendant. Et la loi de l'URSS stipulait que si une république membre décidait de devenir indépendante, toute région autonome à l'intérieur de celle-ci pourrait déterminer son propre avenir.
Ainsi, parallèlement à l’Azerbaïdjan, le Haut-Karabagh a également lancé le processus d’indépendance. Et tout comme l’Azerbaïdjan qui s’est séparé de l’URSS, le Karabakh s’est séparé de l’Azerbaïdjan. En conséquence, l’Azerbaïdjan a décidé de recourir à la force, réprimant le peuple du Karabagh; il a commencé une guerre. Le nettoyage ethnique a commencé dans de nombreuses parties du Haut-Karabagh. Ainsi, de 80 à 85% de la population du Haut-Karabagh a commencé à se défendre. Et il s'est avéré qu'ils étaient capables de le faire. Ils ont forcé l'Azerbaïdjan à accepter cette situation.
Le 12 mai 1994, un accord de cessez-le-feu a été signé entre l’Azerbaïdjan, le Haut-Karabagh et l’Arménie. Après cela, et même avant cela, le processus de négociation a été mené, un format de négociation a été élaboré. Selon les décisions des instances internationales, il avait trois parties au conflit: l’Azerbaïdjan, le Haut-Karabagh et l’Arménie.
Le processus de négociation était mené même en 1992. Pendant longtemps, le Haut-Karabagh a été impliqué dans le processus de négociation en tant que partie. Au fait, des réunions ont eu lieu entre les dirigeants du Haut-Karabagh et de l'Azerbaïdjan, ainsi que les ministres de la Défense de l'Azerbaïdjan, du Haut-Karabagh et de la République d'Arménie. Malheureusement, le conflit du Haut-Karabagh n’a pas été résolu.
Il y a plusieurs raisons à cela. Premièrement, en 1998, le Haut-Karabagh a été exclu du processus de négociation. En conséquence (non seulement à cause de ce facteur, mais également à cause de celui-ci), l’Azerbaïdjan refuse maintenant de négocier avec le Haut-Karabagh. Il refuse même de négocier dans le format du groupe de Minsk de l'OSCE, qui inclut la Russie, la France et les États-Unis. Toutefois, selon ce format, il y a trois parties aux négociations - l'Azerbaïdjan, l'Arménie et le Haut-Karabagh.
D'autre part, le gouvernement azerbaïdjanais insiste pour que le Haut-Karabagh fasse partie de l'Azerbaïdjan. Mais cette affirmation est très étrange, car il est impossible de comprendre comment le gouvernement azerbaïdjanais peut considérer le Haut-Karabagh comme une partie de son intégrité territoriale, mais refuse de lui parler. N'est-ce pas étrange? Les dirigeants azerbaïdjanais déclarent vouloir voir le Haut-Karabagh comme une partie de l'Azerbaïdjan, mais refusent de négocier avec la population du Haut-Karabagh. Qu'est-ce que ça veut dire? Une seule chose: Malheureusement, les autorités azerbaïdjanaises ne vont pas parler à ces gens et négocier avec eux parce qu'ils veulent des territoires mais sans le peuple. Pour être plus précis, des territoires sans peuple.
La politique d'arménophobie va plus loin. Les étrangers en visite au Haut-Karabagh figurent sur la liste noire de l'Azerbaïdjan. Un citoyen de n'importe quel pays qui porte un nom arménien ou est d'origine arménienne ne peut pas entrer en Azerbaïdjan. Ce fut le cas d'une journaliste américaine de Bloomberg, d'un musicien d'orchestre turc, d'un enfant de huit ans et d'un retraité russe de quatre-vingts ans.
Récemment, un chauffeur a été arrêté uniquement pour avoir écouté de la musique arménienne dans la voiture.
Le cas le plus fameux concerne le joueur d'Arsenal, Henrikh Mkhitarian, qui avait raté le dernier match de la Ligue Europa à Bakou il y a quelques mois à peine. Les autorités azerbaïdjanaises ont même interdit des chemises portant le nom de Mkhitarian.
Qu'est-ce qui va se passer ensuite?
Il est évident que des efforts réels doivent être faits pour résoudre le problème. Nous avons des chances égales avec les dirigeants de l’Azerbaïdjan, les dirigeants du Haut-Karabagh, pour résoudre le problème.
Lorsque j'ai pris mes fonctions, j'ai déclaré que toute solution au conflit du Haut-Karabagh devrait être acceptable pour les peuples d'Azerbaïdjan, du Haut-Karabagh et d'Arménie. Je suis le premier dirigeant arménien à annoncer que toute solution au conflit du Haut-Karabagh doit également être acceptable pour le peuple azerbaïdjanais. Et l'opposition de notre pays demande pourquoi l'Arménie devrait se soucier des intérêts du peuple azerbaïdjanais.
Ma réponse est très simple: Parce que je suis convaincu que si nous voulons une solution durable à ce problème, nous devons prendre en compte les intérêts de toutes les parties concernées. J'ai fait cette déclaration dans l'espoir d'entendre une déclaration similaire de la part des dirigeants azerbaïdjanais, de mon collègue Ilham Aliyev. Si nous entendions une déclaration similaire de la part de M. Aliyev, ce serait une réelle avancée dans le processus de négociation.
Je voudrais exhorter nos partenaires de cette plate-forme très importante de faire une déclaration telle que la solution du problème doit être acceptable pour les peuples de l’Azerbaïdjan, du Haut-Karabagh et de la République d’Arménie. Bien sûr, ce n’est pas une tâche facile, mais si nous assumons la responsabilité de l’avenir de nos peuples, ce qui signifie également l’avenir de la région, ce qui signifie l’avenir de notre monde, nous devons déployer de réels efforts pour réaliser des changements réels», a dit le Premier ministre Pashinyan.
Le Premier ministre a ensuite répondu à la question d'un blogueur azerbaïdjanais, né à Vardenis, sur les résolutions de l'ONU sur le Haut-Karabagh, sur l'autonomie d’Artsakh et sur des citoyens avec les noms arméniens qui entrent en Azerbaïdjan.
«Tout d'abord, concernant Vardenis. Souvenons-nous de l'époque où les Arméniens vivaient en Azerbaïdjan et de ceux-ci vivaient en Arménie. Je m’en souviens très bien. Les Arméniens d’Azerbaïdjan ont été tués à Sumgait, puis le massacre a été poursuivi à Bakou, il a été poursuivi au Karabagh et ainsi de suite. Il n'y a plus d'Arméniens en Azerbaïdjan, ils ont pris la fuite souvent sans être correctement vêtus.
Qu'en est-il des Azerbaïdjanais d'Arménie? Sur décision du gouvernement arménien, des bus spéciaux leur ont été fournis, accompagnés de la police, et aucun Azerbaïdjanais n'a été blessé au cours de ce processus. Ces descriptions sont une preuve très vive de l’image du conflit.
Vous avez noté dans votre question que le Haut-Karabagh est internationalement reconnu comme faisant partie de l'Azerbaïdjan. Ce n'est pas vrai. C’est exactement la mission des coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE: assurer la médiation dans la recherche du statut final du Haut-Karabagh. Et pourquoi l’Azerbaïdjan est-il impliqué dans ces négociations en tant que partie si le Karabakh en est déjà une partie internationalement reconnue? N'est-ce pas étrange?
J'espère trouver une solution acceptable pour les peuples d'Azerbaïdjan, du Karabagh et d'Arménie. Je l'ai dit à Stepanakert et j'attends depuis un an une déclaration similaire de la part du gouvernement azerbaïdjanais. J'ai personnellement sollicité à M. Aliyev une avancée décisive dans ce processus. Mais il continue malheureusement à déclarer que Zangezour, Syounik, le lac Sevan ou la capitale Erevan sont des territoires de l'Azerbaïdjan. Personne ne peut parler le langage de la force avec nous. Et qu'attendiez-vous de moi lorsque les autorités azerbaïdjanaises annonce que non seulement le Karabagh, mais aussi Zangezour et Erevan seront occupés? Notre proposition c’est la paix, nous ne menaçons personne dans la région, nous voulons préparer notre société à la paix », a-t-il déclaré.