Communiqués de presse
«Le rejet du droit à l'autodétermination ne peut que conduire à l'oppression et à de nouvelles violences» - Intervention du Premier ministre Nikol Pashinyan, prononcée à l'occasion du 75e anniversaire de l'ONU
Le Premier ministre Nikol Pashinyan a prononcé un discours à l'occasion du 75e anniversaire des Nations Unies, dont la vidéo, comme celle des dirigeants d'autres pays, a été publiée sur le site officiel de l'ONU et sur la chaîne YouTube.
Dans son discours, le premier ministre a déclaré:
"Monsieur Secrétaire général,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Nous commémorons le 75e anniversaire de l’Organisation des Nations Unies en des temps difficiles pour l’humanité sous de nombreux aspects, y compris pour l’architecture des relations internationales et nos institutions communes qui canalisent la coopération internationale et fournissent un cadre pour la réalisation d’objectifs communs.
La souveraineté des États, quelle que soit leur taille, leur pouvoir, est mieux préservée, les intérêts nationaux sont mieux servis dans le système actuel, lorsqu'il y a respect du droit international, y compris la Charte des Nations Unies.
L'ONU avait pour vocation de faire converger le dualisme éternel des relations internationales exprimé dans l'égoïsme naturel des États et le besoin tout aussi naturel de coopération. L'Organisation des Nations Unies a prouvé sa vitalité en faisant converger ces deux notions apparemment incompatibles en un système mondial efficace de nations souveraines unies par des valeurs et des principes communs, partageant une vision commune de l'avenir et ayant la détermination d'avoir des instituts communs de coopération.
En appliquant efficacement le principe de l'autodétermination des peuples, les Nations Unies ont donné des certificats de naissance à plus d'une centaine d'États ou ont aidé à restaurer l'indépendance de plus d'une centaine d'États. De nombreux peuples, comme jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité, ont eu l’occasion d’exprimer leur opinion sur les affaires mondiales et de réaliser leur potentiel de développement, mettant leurs nations sur la voie de la prospérité.
Certains pourraient supposer que ce processus s'est arrêté avec la fin de la guerre froide. Mais cela pourrait être une illusion. Le rejet du droit à l'autodétermination ne peut que conduire à l'oppression et à de nouvelles violences. Cela contredirait profondément les valeurs fondamentales de l’ONU et l’évolution historique de l’ordre international mondial. L'émergence d'un certain nombre d'États au cours des deux dernières décennies est la meilleure preuve de cette tendance.
Une autre valeur fondamentale du système des Nations Unies est l'interdiction de la menace ou de l'emploi de la force dans les relations internationales, qui est un pilier central de la préservation de la paix et de la sécurité mondiales et une condition préalable majeure au développement durable.
Mesdames et Messieurs,
Les défis mondiaux provoquent parfois une oscillation entre la solidarité internationale et l'intérêt personnel, l'hésitation et même la déception des institutions multilatérales, comme l'illustre la situation dramatique provoquée par la pandémie de Covid-19 et ses terribles conséquences socio-économiques.
Un multilatéralisme efficace, avec un rôle central pour l'ONU, est essentiel pour relever les défis mondiaux et régionaux. Le multilatéralisme n'est pas une simple arithmétique pour compter la participation de plus de deux parties. C'est un principe, une idéologie de respect mutuel, de confiance et une culture du consensus.
De même, l'ONU ne se limite pas à ses 193 États membres. C'est plus qu'une plate-forme commune pour présenter les intérêts nationaux. C'est aussi un cadre pour façonner des intérêts communs, écouter et prendre en compte toutes les voix du monde entier.
L'ONU concerne également la protection des droits de l'homme et l'universalité de leur application. La sécurité n'est pas possible sans le respect des droits de l'homme.
Mesdames et Messieurs,
Aujourd'hui, tout comme il y a 75 ans, la tâche principale de l'ONU est d'assurer la paix et de promouvoir la solidarité et la coopération pour le développement durable.
En ces temps difficiles, dans de nombreuses régions du monde, y compris dans notre région, des révisionnistes téméraires tentent de marquer de la faiblesse perçue de l'ordre international, posant un réel danger pour la paix et la sécurité internationales. L'ingénierie sociale des souvenirs historiques et même l'appropriation du patrimoine civilisationnel d'autrui deviennent monnaie courante.
C’est un autre signal que nous devons renouveler en faveur d’un multilatéralisme efficace afin de fournir à la communauté internationale une solide colonne vertébrale institutionnelle pour devenir plus résiliente face aux défis mondiaux.
Comme l'écrivait un jour Jean Jacques Rousseau, «l'obéissance à une loi que nous nous prescrivons est la liberté». En nous félicitant tous à cette occasion, je voudrais réaffirmer la ferme détermination de l’Arménie à s’associer aux efforts communs visant à instaurer un meilleur ordre international, fondé sur le droit international et les valeurs communes de liberté et de justice.
Je vous remercie. "