Discours et messages
Discours du Premier ministre de la République d'Arménie lors du débat général de la 76e session de l'Assemblée générale des Nations Unies
Monsieur le Président de l'Assemblée générale,
Mesdames et Messieurs,
J'ai le plaisir de m'adresser une nouvelle fois à l'Assemblée générale des Nations Unies.
Je voudrais tout d'abord féliciter M. Abdullah Shaheed pour son élection à la présidence de l'Assemblée générale, et M. António Guterres pour sa réélection au poste de Secrétaire général des Nations Unies. Je suis convaincu que, sous votre direction, vous nous aiderez à surmonter les grands défis auxquels nous sommes confrontés.
Dans mon discours d'aujourd'hui, je voudrais évoquer la situation dans la région du Sud-Caucase et présenter nos points de vue et propositions concernant le règlement des problèmes existants.
Comme vous le savez, le Haut Karabagh a été attaqué à l'automne 2020. Quarante-quatre jours de guerre ont coûté la vie à plusieurs milliers de personnes. Des dizaines de milliers de personnes dans le Haut-Karabagh ont été déplacées. L'agression s'est accompagnée de nombreuses violations flagrantes des normes internationales par les forces armées azéries, notamment des attaques délibérées contre des civils et des infrastructures vitales, des exécutions extrajudiciaires de prisonniers de guerre, des prises d'otages, des actes de torture et de nombreux autres crimes documentés. En conséquence de ces actions, le peuple arménien dans les parties du Haut-Karabagh passées sous le contrôle de l'Azerbaïdjan a été soumis à un nettoyage ethnique total. Malheureusement, la communauté internationale n'a pas réussi à empêcher les crimes de masse dans ce cas. Aujourd'hui, aucun Arménien ne vit pas et ne peut pas vivre dans les territoires sous contrôle azerbaïdjanais.
Grâce aux efforts de médiation de la Fédération de Russie, l'effusion de sang a été arrêtée. Le 9 novembre, une déclaration trilatérale de cessez-le-feu a été signée. Les forces de maintien de la paix de la Fédération de Russie sont déployées dans le Haut-Karabagh, qui est aujourd'hui une garantie de stabilité et de sécurité.
Chers collègues,
Il y a un mois, le Gouvernement de la République d'Arménie a approuvé le plan d'action du gouvernement pour 2021-2026, dont l'une des dispositions clés est l'ouverture d'une ère de développement pacifique pour notre pays et la région. En outre, à la suite des élections législatives anticipées du 20 juin 2021, le peuple arménien a donné à notre gouvernement un mandat pour progresser vers cet objectif clé. Il est important de souligner que notre gouvernement a reçu ce mandat décisif lors des élections organisées pour surmonter la crise politique interne du pays.
Il s'agissait de la deuxième élection dans notre pays depuis la Révolution populaire de velours, non-violente en Arménie en 2018, et toutes deux ont été évaluées par les observateurs internationaux comme étant compétitives, transparentes et conformes aux normes démocratiques.
Alors, comment allons-nous réaliser l'objectif d'ouvrir une ère de développement pacifique pour notre pays et la région ? Par le dialogue, étape par étape, pour surmonter l'atmosphère d'hostilité douloureuse dans notre région. Nous sommes conscients que le chemin sera long et difficile. Malheureusement, il y a aujourd'hui des événements presque quotidiens qui visent à délégitimer l'agenda de la paix, non seulement pour approfondir l'atmosphère d'hostilité mais aussi pour la rendre plus systématique. Les violations du cessez-le-feu, la rhétorique agressive et insultante contre l'Arménie et le peuple arménien continuent d'enflammer l'atmosphère.
C'est une pratique contraire à l'agenda de la paix, alors que, contrairement à l'article 8 de la Déclaration du 9 novembre, l'Azerbaïdjan non seulement continue de retenir en captivité plusieurs dizaines de citoyens de la République d'Arménie, mais a également condamné nombre d'entre eux à des peines de 6 à 20 ans sous des accusations forgées de toutes pièces. En outre, il y a des citoyens dont la captivité n'a pas encore été confirmée par l'Azerbaïdjan, bien qu'il existe des preuves évidentes qu'ils sont détenus en captivité. Cette situation est d'autant plus inacceptable que des utilisateurs azerbaïdjanais ont posté des vidéos de la capture de certains soldats Arméniens à l'automne 2020 et ont ensuite découvert les corps décapités ou abattus de ces soldats. Nous avons des preuves irréfutables de la torture de nos captifs.
Le “Parc des trophées” à Bakou, où les écoliers azerbaïdjanais sont emmenés en excursion pour voir des mannequins de soldats arméniens capturés, tués ou ensanglantés, est un exemple parfait de l'aggravation du climat d'hostilité.
Ces mesures, ainsi que d'autres, sont prises pour démontrer l'impossibilité de la paix dans notre région, mais nous poursuivrons sans relâche ce programme, en saisissant toutes les occasions d'ouvrir une ère de paix pour notre région et de créer de nouvelles opportunités.
En ce sens, je considère l'ouverture des communications régionales extrêmement importante, comme le mentionne le 9e point de la déclaration trilatérale du président de la Fédération de Russie, du président de l'Azerbaïdjan et du Premier ministre de l'Arménie du 9 novembre 2020 et du 11 janvier 2021.
Grâce à la résolution de ce problème crucial, les pays de la région seront reliés par des artères de transport. Nous aurons l'occasion d'établir des liens économiques, ce qui est l'une des conditions importantes d'un développement pacifique.
En examinant la question de l'ouverture des routes, nous avons constaté qu'il existe des options qui visent à enregistrer une atmosphere de l'isolement et d'hostilité régionaux, mais aussi des options qui mettent l'accent sur la connectivité régionale et qui peuvent constituer une approche progressive pour surmonter l'hostilité. Nous sommes favorables à cette dernière version.
Si le chemin de fer reliant la Turquie à l'Arménie va s'ouvrir, la question de l'ouverture des communications régionales sera beaucoup plus importante.
Honorable Monsieur le Secrétaire Général,
L'Arménie est prête pour un dialogue constructif, qui doit conduire à une paix durable dans la région. À cet égard, nous proposons d'achever le processus de retour des otages et autres détenus de la veille.
Il est également nécessaire de reprendre le processus de paix pour le règlement du conflit du Haut-Karabagh sous les auspices des coprésidents du groupe de Minsk de l'OSCE.
Il ne fait aucun doute qu'une situation créée par le recours à la force ne peut acquérir de légitimité du point de vue du droit international. Le droit du peuple d'Artsakh à l'autodétermination ne peut être suspendu par la force, le conflit ne peut être considéré comme réglé par le recours à la force. Le conflit du Haut-Karabakh attend un règlement juste. En témoignent les déclarations des coprésidents, qui soulignent la nécessité de reprendre le processus de négociation sur la base de principes connus.
Nous pensons que les contacts établis par la médiation des coprésidents permettront aux parties de trouver un terrain d'entente et d'ouvrir une plate-forme pour trouver des réponses à de nombreuses questions urgentes.
Ensuite, il y a la question de la délimitation et de la démarcation de la frontière arméno-azerbaïdjanaise. Je dois dire avec regret qu'il est difficile d'imaginer le processus de démarcation de la frontière, alors que des coups de feu sont entendus presque quotidiennement à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, que diverses provocations ont lieu, que des unités des forces armées de l'Azerbaïdjan ont fait intrusion, le 12 mai, dans le territoire souverain de la République d'Arménie dans le secteur Sotk-Koznavar. Afin de sortir de cette situation, nous avons proposé les actions suivantes : Dans la section susmentionnée, les forces armées de l'Arménie et de l'Azerbaïdjan se retirent de la frontière héritée de l'ère soviétique, des observateurs internationaux se déploient le long de cette frontière et, sous les auspices internationaux, nous commençons les travaux de démarcation. Nous sommes prêts à mettre en œuvre cette proposition à tout moment.
Chers collègues,
Dans mon discours, j'ai abordé les questions d'importance vitale pour notre pays et la région, qui doivent aujourd'hui être traitées de toute urgence avec l'attention de la communauté internationale.
En même temps, je voudrais conclure mon discours en réitérant que l'Arménie, en tant que membre responsable de la communauté internationale et partenaire fiable, continuera à contribuer au renforcement du droit international global et de la coopération internationale, fondée sur des buts et principes de la Charte des Nations Unies, le développement durable et la protection des droits fondamentaux de l'homme.
Nous nous engageons à mener un dialogue constructif et inclusif avec tous nos partenaires.
L'Arménie est prête à faire tout son possible pour contribuer à surmonter les défis mondiaux actuels tels que le changement climatique, la pandémie de Covid-19, la paix internationale, la sécurité et les questions de développement durable.
Donc, permettez-moi de conclure en souhaitant le success aux travaux de la 76e session de l'Assemblée générale des Nations Unies.
Merci pour l’attention.