Discours et messages
Discours du Premier ministre Nikol Pashinyan lors de la séance ordinaire du Conseil des chefs d'État de la CEI
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Le Premier ministre Nikol Pashinyan a participé à la session ordinaire du Conseil des chefs d'État de la CEI à Astana, capitale du Kazakhstan.
Une cérémonie protocolaire de photos des chefs des États membres de la CEI a d'abord eu lieu, après quoi une séance en format restreint a débuté, au cours de laquelle Nikol Pashinyan a prononcé un discourse. Dans son discours, le Premier ministre a notamment dit:
" Messieurs les chefs des États,
Avant de passer à l'ordre du jour de la séance du Conseil des chefs d'État de la CEI, je voudrais remercier Kassym-Jomart Tokayev et nos amis kazakhs pour avoir organisé l'événement d'aujourd'hui à un haut niveau et les féliciter pour leur présidence efficace au sein de la CEI et la mise en œuvre réussie des priorités de la présidence du Kazakhstan.
Je souhaite aussi sincèrement aux collègues kirghizes de réussir et de travailler efficacement lors de leur future présidence de la CEI.
Chers collègues,
Comme vous le savez, nous travaillons à la normalisation de nos relations avec l'Azerbaïdjan. Je considère qu'il est nécessaire de mentionner l'importance du rôle de la CEI dans ce contexte. Le travail des commissions de délimitation et de sécurité des frontières est important dans le processus de règlement, dont la formation a été convenue le 26 novembre 2021, lors de la réunion trilatérale du Président de la Russie, du Président de l'Azerbaïdjan et du Premier ministre de l'Arménie à Sotchi.
À la suite de notre réunion avec le Président de l'Azerbaïdjan, qui s'est tenue à Prague le 6 octobre avec la médiation du Président de la France et du Président du Conseil européen, un accord a été conclu selon lequel, dans le processus de délimitation, nous nous appuierons sur les documents fondamentaux de la CEI, selon lesquels les anciennes frontières administratives des républiques soviétiques sont devenues des frontières d'État entre les États déjà indépendants, y compris entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.
Je voudrais attirer votre attention sur le fait que ce qui précède est également un facteur important du point de vue de notre ordre du jour d'aujourd'hui, car nous discutons également de la question de la demande de la CEI d'obtenir le statut d'observateur auprès de l'OTSC.
Avant de prendre une décision, je crois qu'il est important de clarifier les questions suivantes.
L'OTSC reconnaît-elle les frontières étatiques des pays de la CEI établies en 1991 comme des documents fondamentaux de la CEI ? C'est une question importante, car elle concerne la zone de responsabilité de l'OTSC et, permettez-moi de le dire, la fonctionnalité de l'organisation elle-même. Si nous nous appuyons sur les commentaires selon lesquels il n'y a pas de frontières entre les pays de la CEI, parce que ces frontières ne sont pas délimitées, cela signifie que la zone de responsabilité de l'OTSC n'est pas déterminée, c'est-à-dire qu'elle n'existe pas. Cela brouille la fonctionnalité de l'OTSC.
Il est également très important de donner une réponse claire à la question suivante : les États membres de la CEI reconnaissent-ils les frontières établies entre eux en 1991 sur la base des documents fondamentaux de la CEI ? Une réponse positive à cette question est très importante pour la stabilité et la sécurité dans la zone de la CEI.
Sans une précision claire de ces questions, je pense qu'il est prématuré de prendre une décision sur la demande de la CEI d'obtenir un statut d'observateur au sein de l'OTSC. Ces questions sont devenues particulièrement importantes pour nous en raison de la récente agression militaire de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie.
Le 13 septembre, l'Azerbaïdjan a lancé une agression militaire totalement injustifiée contre l'Arménie. À l'aide d'artillerie lourde, de lance-roquettes et de drones d'attaque, l'armée azerbaïdjanaise a bombardé 36 localités et communautés du territoire souverain de l'Arménie, notamment les villes de Goris, Jermuk, Vardenis, Kapan et le village de Geghamasar. Je tiens à préciser qu'il ne s'agissait pas d'un conflit ou d'un affrontement frontalier, mais d'une attaque directe et incontestable contre la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Arménie. Cette agression de l'Azerbaïdjan a été discutée au Conseil de sécurité des Nations unies, dont la majorité des membres ont condamné les opérations militaires illégales de l'Azerbaïdjan. L'agression a également été condamnée par la communauté internationale.
L'attaque azerbaïdjanaise était délibérément dirigée contre la population civile et les infrastructures civiles vitales. Le nombre total de personnes déplacées temporairement des provinces arméniennes de Gegharkunik, Vayots Dzor et Syunik s'élevait à plus de 7 600, principalement des femmes et des personnes âgées, ainsi que 1 437 enfants et 99 personnes handicapées.
Environ 192 bâtiments résidentiels, 3 hôtels, 2 écoles, 1 centre médical ont été partiellement ou totalement détruits. 7 installations d'approvisionnement en électricité, 5 installations d'approvisionnement en eau, 3 gazoducs, 1 pont ont été endommagés. 2 ambulances et 4 voitures privées ont été visées. Le réservoir de Kechut a également été bombardé.
Le nombre de victimes et de personnes disparues à la suite de l'agression a maintenant dépassé 210, dont 3 civils ont été tués et 2 sont portés disparus. 293 militaires et 8 civils ont été blessés. Le nombre de soldats disparus est de 28. La partie azerbaïdjanaise elle-même a diffusé des vidéos choquantes de torture, de mutilation des corps de personnes capturées ou de soldats déjà morts, de nombreux cas de représailles extrajudiciaires et de traitement cruel de prisonniers de guerre Arméniens, de meurtres, ainsi que de traitement humiliant des corps des morts. Les corps de femmes militaires arméniennes ont été mutilés avec une brutalité particulière, puis filmés "fièrement" par des soldats azerbaïdjanais. Les images de ces crimes de guerre et crimes contre l'humanité évidents sont partagées et saluées par un certain nombre d'utilisateurs azerbaïdjanais des médias sociaux.
Il ne fait aucun doute que la perpétration de ces atrocités indescriptibles est une conséquence directe de la politique de longue haleine des dirigeants politiques visant à instiller la haine contre les Arméniens et l'hostilité au sein de la société azerbaïdjanaise.
Après cette attaque, la rhétorique de Bakou et d'autres sources azerbaïdjanaises officielles montre que l'Azerbaïdjan a l'intention d'occuper d'autres territoires de l'Arménie, ce qui doit être empêché.
Je tiens à souligner que le risque d'une nouvelle agression de la part de l'Azerbaïdjan reste très élevé, surtout si l'on considère que l'Azerbaïdjan continue de violer systématiquement le régime de cessez-le-feu, en essayant d'attribuer ses actions provocatrices à la partie arménienne. Un autre facteur d'escalade pourrait être la réponse inadéquate des organisations régionales de sécurité à la situation créée, qui a suscité des questions très vives dans la société arménienne.
Collègues,
Depuis la signature de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, l'Azerbaïdjan n'a cessé de spéculer sur la question du rapatriement des prisonniers de guerre afin d'atteindre des intérêts politiques.
Dans la période d'après-guerre, l'Azerbaïdjan a lié la libération des prisonniers à la fourniture de cartes des champs de mines, bien que l'obligation découlant de la déclaration trilatérale consistait en l'échange immédiat d'absolument tous les prisonniers. L'Arménie a fourni à l'Azerbaïdjan toutes les cartes de champs de mines dont elle disposait, mais c'était un geste de notre part. Après avoir reçu toutes les cartes des champs de mines, l'Azerbaïdjan a déclaré que la précision de ces cartes n'était que de 25 %. L'Arménie s'est déclarée prête à vérifier cette déclaration avec la participation d'experts internationaux. D'autre part, même si cette affirmation est vraie, la République d'Arménie a donné toutes ses cartes à l'Azerbaïdjan et n'a pas laissé de cartes "meilleures ou plus précises".
Maintenant, après avoir reçu les cartes, l'Azerbaïdjan tente de conditionner le retour des prisonniers de guerre, des captifs et des autres personnes détenues à la clarification du sort des personnes disparues à la suite de la première guerre du Haut-Karabakh. Je voudrais mentionner qu'après la première et la deuxième guerre de l'Artsakh, il y avait également des personnes disparues du côté arménien. 777 personnes sont considérées comme disparues après la première guerre, et 217 personnes sont considérées comme disparues après la deuxième guerre, dont 196 sont des militaires et 21 des civils. Au cours de nos réunions en début d'année, l'Arménie a exprimé sa volonté de coopérer pleinement sur l'ensemble de la question des personnes disparues et a déjà remis unilatéralement plusieurs cartes de tombes et, après la guerre de 44 jours, les restes de centaines de victimes de la première guerre du Haut-Karabakh.
Malheureusement, le côté azerbaïdjanais, qui a rejeté pendant 30 ans les appels à la coopération dans le domaine du déminage ou de toute autre activité humanitaire, ne s'est souvenu de ses citoyens disparus ou de ses mines qu'après l'agression contre le Haut-Karabakh, après quoi le monde civilisé tout entier a commencé à parler des crimes militaires commis par l'armée azerbaïdjanaise, ou des prisonniers de guerre arméniens détenus illégalement en Azerbaïdjan. Sans entrer dans les détails, ce seul fait montre clairement les véritables intentions de l'Azerbaïdjan.
Dans ce contexte, je voudrais souligner que jusqu'à présent, l'Azerbaïdjan crée des obstacles à l'enlèvement des corps de ceux qui sont tombés lors de la dernière agression, tandis que les corps de plusieurs de nos soldats continuent d'être laissés dans des zones d'interposition, qui sont situées sur le territoire souverain de l'Arménie. Un accord a été conclu pour organiser l'enlèvement des corps dans les prochains jours. J'espère que cet accord sera respecté.
Chers collègues,
Dans le contexte du déblocage de toutes les communications régionales, la circulation constante par l'Azerbaïdjan du "sujet du corridor" n'est rien d'autre qu'une distorsion et un sabotage de la mise en œuvre de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020.
Je tiens à souligner que le mot "corridor" n'est mentionné nulle part et d'aucune manière dans l'article 9 de cette déclaration. Dans la déclaration du 9 novembre 2020, le mot "corridor" n'est utilisé qu'en relation avec le corridor de Lachin dans le contexte de la garantie de la sécurité du Haut-Karabakh et n'a rien à voir avec le thème du déblocage des liaisons de transport, et nous considérons que le fait d'établir tout parallèle entre ces accords est une manipulation.
La manipulation du texte de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020 est malheureusement devenue la politique de l'Azerbaïdjan, et cela se reflète également dans le fait que malgré le fait que la déclaration mentionne clairement l'existence du Haut-Karabakh, l'Azerbaïdjan prétend que le Haut-Karabakh n'existe pas.
Quant à la mise en œuvre de l'article 9 de la déclaration trilatérale, cette question est pleinement clarifiée dans la prochaine déclaration trilatérale du 11 janvier 2021 à Moscou. Par ailleurs, le groupe de travail trilatéral, co-présidé par les vice-premiers ministres de la République d'Azerbaïdjan, de la République d'Arménie et de la Fédération de Russie, a décidé que les infrastructures de transport à restaurer et à construire dev
J'annonce officiellement que nous sommes prêts à ouvrir les routes dès que possible sur cette base. Par ailleurs, le projet de décision du gouvernement de la République d'Arménie d'ouvrir trois points de contrôle pour assurer la liaison de transport entre les régions occidentales de l'Azerbaïdjan et la République autonome du Nakhitchevan circule officiellement depuis longtemps, mais le président de l'Azerbaïdjan lui-même se prononce contre une telle décision. Et cela est lié à la volonté de l'Azerbaïdjan d'isoler autant que possible la circulation des personnes, des marchandises et des transports, ce qui prouve qu'ils ne sont pas intéressés par la logique d'établissement d'une paix stable dans la région.
Quant à la construction de nouvelles communications de transport, nous y sommes prêts selon les principes susmentionnés, mais elle est entravée par la politique agressive de l'Azerbaïdjan et la manipulation du texte des déclarations trilatérales. raient fonctionner sous la pleine souveraineté des pays sur le territoire desquels elles passent.
L'Azerbaïdjan tente de donner l'impression que la construction de nouvelles routes est une obligation pour l'Arménie, mais la déclaration trilatérale stipule que les parties doivent se mettre d'accord sur cette question. Et nous sommes prêts pour un tel accord, d'ailleurs, nous y sommes intéressés, et la seule chose que nous attendons de l'Azerbaïdjan dans cette affaire est d'être constructif.
Je souhaite également répondre à certaines déclarations du président de l'Azerbaïdjan. Quant à l'exploitation minière, elle se déroule entièrement sur le territoire souverain de la République d'Arménie. Et c'est notre droit de prendre certaines mesures de sécurité pour protéger l'intégrité territoriale de notre pays.
Je tiens également à dire que les tentatives de donner un contexte religieux à cette situation sont inacceptables. Nous entretenons des relations très étroites avec de nombreux pays musulmans, et une preuve très claire en est que la majorité de nos alliés au sein de l'OTSC sont des pays musulmans. Nous avons des relations très étroites avec l'Iran et de nombreux États arabes et le problème du Haut-Karabakh n'a jamais eu de fondement religieux.
Je suis tout simplement surpris par les déclarations du président de l'Azerbaïdjan selon lesquelles l'Arménie a organisé des attaques contre les ambassades azerbaïdjanaises dans les pays européens et aux États-Unis d'Amérique. Ce sont des déclarations totalement infondées, et je pense qu'il est évident que si de tels faits existaient, l'Azerbaïdjan les aurait publiés depuis longtemps.
D'une manière générale, je voudrais dire que l'Arménie vise vraiment sincèrement la paix dans la région. Bien sûr, ce n'est pas une question simple, c'est une question très profonde, mais il me semble que sur la base des résultats de plusieurs réunions que nous avons eues avec la médiation du président de la Fédération de Russie, Vladimir Vladimirovitch Poutine, et d'autres dirigeants internationaux, nous sommes parvenus à une compréhension commune que nous devrions nous efforcer et entreprendre des mesures concrètes pour établir la paix et la stabilité dans notre région. Il est évident que des actions sont nécessaires pour cela, et la République d'Arménie, je pense que nous l'avons montré, notre gouvernement est prêt pour de telles actions. Je veux dire une fois de plus que la seule attente de l'Azerbaïdjan dans ce processus est la constructivité.
Je vous remercie."
Les dirigeants des pays de la CEI ont signé les protocoles des décisions adoptées lors de la séance en format élargi.