Interviews et conférences de presse

Interview du Premier ministre aux médias turcs

13.03.2025

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Le Premier ministre Nikol Pashinyan a accordé une interview aux médias turcs. La transcription de l'interview est présentée ci-dessous.

Premier ministre Nikol Pashinyan - Chers représentants des médias de la République de Turquie, je vous souhaite à tous la bienvenue.

Autant que je me souvienne, il s'agit d'une occasion et d'un format sans précédent, c'est-à-dire qu'il n'y a jamais eu de réunion dans ce format, et je pense qu'il est bon qu'aujourd'hui nous ayons l'occasion de communiquer et d'échanger des idées. Je souhaite à tous un travail fructueux et je suis prêt à répondre à toutes vos questions, s'il vous plaît.

T 24 Barçın Yinanç - Cher Monsieur le Premier ministre, un proverbe turc dit : l'eau pour les petits, la parole pour les grands. J'espère ne pas être le plus âgé de ce groupe, mais mes amis m'ont demandé de vous remercier. Comme vous l'avez dit, oui, nous sommes très reconnaissants de cette opportunité sans précédent et c'est avec cette gratitude que nous voulons commencer notre discours, non seulement à vous, mais aussi à votre personnel, nous vous sommes reconnaissants pour tout.

Sözcü TV, Burak Tatar - Je peux poser la première question. Merci encore pour cette opportunité et cette invitation. Je m'appelle Burak Tatar et je suis le directeur du département des actualités étrangères de Sözcü TV. À quel stade du processus de normalisation entre la Turquie et l'Arménie en sommes-nous aujourd'hui ? Où en sommes-nous exactement ? Et la question qui m'intéresse est la suivante : si un jour vous vous retirez de la vie politique, quel héritage aimeriez-vous laisser dans les relations entre l'Arménie et la Turquie, et en particulier dans le Caucase du Sud ? Quels sont vos rêves pour la région ?

Premier ministre Nikol Pashinyan- Il est très difficile de répondre précisément à la deuxième question, car nous devons encore voir quels résultats nous enregistrons et quels résultats nous devons généraliser. Bien sûr, si nous parlons de souhaits, j'aimerais certainement que des relations diplomatiques soient établies entre l'Arménie et la Turquie, que la frontière soit ouverte aux communications ferroviaires et routières, que les relations commerciales soient directes, je veux dire les passages de frontières et les liaisons de transport, car même aujourd'hui, l'Arménie et la Turquie ont un chiffre d'affaires assez important, il y a des relations commerciales, mais en fait, cela se fait indirectement.

Et bien sûr, cette conversation qui a commencé entre l'Arménie et la Turquie est très importante, et on me demande souvent quels sont les résultats des relations arméno-turques. Bien sûr, nous disons que lors des réunions qui ont eu lieu sous la forme de nos représentants spéciaux, un accord a été conclu selon lequel la frontière entre l'Arménie et la Turquie, la frontière terrestre, sera ouverte aux citoyens de pays tiers et aux détenteurs de passeports diplomatiques, et bien sûr, nous attendons la mise en œuvre de cet accord. Cet accord a été conclu à l'été 2022, mais comme il n'a pas été mis en œuvre, de nombreuses personnes affirment que les relations arméno-turques n'ont rien donné.

Sincèrement, je ne suis pas d'accord avec cela, car aujourd'hui il y a un dialogue très direct, une conversation très directe entre l'Arménie et la Turquie, et si nous prenons en compte la période précédente de nos relations, il s'agit d'un changement très significatif. Les représentants diplomatiques de l'Arménie et de la Turquie sont constamment en contact direct l'un avec l'autre. Et je le répète, pour une personne extérieure, ce n'est peut-être pas un résultat concret, mais pour moi et pour les personnes qui travaillent dans les systèmes d'administration de l'État, c'est un résultat concret, parce qu'avant, nous n'étions même pas en mesure de clarifier nos points de vue respectifs, vous savez, nous nous renseignions par l'intermédiaire de pays tiers, et que pensait Ankara ? Ankara, en fait, apprenait ce que Erevan pensait par l'intermédiaire de pays tiers.

Aujourd'hui, il y a même des situations comme celle-ci, et nos différents représentants peuvent littéralement appeler et demander quelle est votre opinion sur cette question, et c'est un changement significatif qui est très important, et je suis sûr qu'il portera ses fruits. Nous avons également une meilleure compréhension les uns des autres, des difficultés et des problèmes rencontrés par les parties, des questions à clarifier, des points de vue divergents, et je dois dire honnêtement que je pense qu'il s'agit là d'un résultat très important.

Pendant cette période, nous avons déjà eu plusieurs réunions avec le président Erdogan, nous avons eu des conversations téléphoniques, les ministres des Affaires étrangères ont été en contact et continuent de l'être, notre ministre de l'Administration territoriale et des Infrastructures a communiqué avec son collègue, la ministre de l'Éducation, de la Science, de la Culture et des Sports a également communiqué, les représentants spéciaux sont en contact l'un avec l'autre. Nous avons déjà des exemples concrets de coopération, nous avons récemment remis à la Turquie deux personnes qui étaient recherchées en Turquie ou accusées par le système judiciaire.

Cela peut ne pas sembler être une grande réussite, mais si nous résumons ce que nous avons fait au cours de la période précédente, il s'agit bien sûr d'une réussite très importante. Cependant, il est très important de noter qu'il s'agit d'un processus dynamique et, bien sûr, des efforts doivent être faits pour s'assurer que cette dynamique ne s'arrête pas et se poursuive. Cela dépend, entre autres, de la volonté politique des dirigeants et des gouvernements des deux pays, et je vois la volonté politique, mais une autre chose est que cette volonté politique doit également se développer mutuellement.

Je dois également souligner, bien sûr, qu'il s'agit également d'un événement mémorable dans la mesure où le président Erdogan m'a invité à participer à la cérémonie d'inauguration à l'occasion de son élection et que j'ai décidé de me rendre à Ankara. Outre le fait qu'il s'agissait d'un événement purement cérémoniel et d'un signal important, c'était aussi l'occasion d'interagir avec des représentants des cercles politiques turcs. C'était aussi un événement très important pour les relations bilatérales. Cela fait maintenant 5 à 7 minutes que j'énumère tout ce qui se passe dans nos relations. Cela signifie qu'il y a beaucoup de choses à énumérer, alors que si vous me posiez la question il y a 7 ans, je n'aurais presque rien à énumérer.

Anadolu Agency, Muhammad Tarhan - Je voudrais poser la deuxième question. Monsieur le Premier ministre, je vous exprime ma gratitude au nom de l'agence de presse Anadolu. Monsieur le Premier ministre, cela fait longtemps que vous faites des conclusions différentes et importantes, que vous critiquez et proposez des concepts concernant la perception de l'histoire en Arménie. En tant qu'agence de presse Anadolu, nous suivons vos déclarations dans la langue originale, l'arménien. Je voudrais que vous pensiez aux raisons pour lesquelles vous accordez de l'attention à ce sujet. Qu'essayez-vous d'obtenir par ce biais, à la fois parmi vos concitoyens ici et parmi la diaspora ? Je vous remercie.

Premier ministre Nikol Pashinyan - Je pense que chaque pays doit s'occuper de son histoire, c'est évident, et je ne pense pas que la République d'Arménie ou moi-même soyons originaux à cet égard. Nous sommes toujours engagés dans notre histoire, mais il est important d'enregistrer où, comment et pour quoi utiliser les connaissances que l'histoire nous donne. Il est également important de voir les messages, de comprendre les messages que l'histoire nous transmet.

Vous savez, on dit qu'il faut tirer des leçons de l'histoire, mais cette leçon n'est écrite sur aucune page de l'histoire, c'est-à-dire qu'aucune histoire ne dit que ceci et cela s'est produit, que ceci et cela s'est produit, maintenant faites attention : la leçon est la suivante, la conclusion est la suivante, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de telle conclusion dans l'histoire et que c'est une question de choix politique et de perception politique, quelle leçon tirer et comment percevoir l'histoire, comment utiliser l'histoire. C'est très important. Utiliser l'histoire comme source de connaissance, comme source de compréhension du présent et de l'avenir, comme source de connaissance et d'information pour le projet de construction du présent et de l'avenir, ou vivre l'histoire de toute façon ?

Ce sont des questions de choix politique parce que, vous savez, quand on parle de l'histoire et des leçons tirées de l'histoire dans n'importe quel environnement, il y aura toujours une dispute parce que chacun percevra l'histoire de son propre point de vue politique. Je veux dire au sein d'une communauté, même au sein de la même communauté. D'ailleurs, permettez-moi de vous dire que l'histoire elle-même est probablement l'une des sciences ou disciplines les plus politisées, et donc la perception de l'histoire est aussi, dans un sens, une question de perception politique.

Et quel est le point et la perception ou la raison de cette conversation, comme vous l'avez mentionné, oui, je parle souvent de l'histoire et mon message principal est le suivant, à la fois en Arménie et dans les conversations avec nos compatriotes de la diaspora : nous devons faire une distinction entre l'histoire et aujourd'hui et nous ne pouvons pas percevoir l'histoire et ce jour de la même manière parce que ce jour est ce jour, l'histoire est l'histoire. Nous ne pouvons pas établir de frontières entre l'avenir et l'histoire, car selon moi, l'avenir ne doit pas être le reflet de l'histoire, et l'avenir est une occasion de corriger l'histoire ou d'améliorer les pages de l'histoire que nous voulons améliorer. Mais c'est aussi une question de choix politique.

Je tiens à ce que nous comprenions bien cette nuance : il n'y a pas de vérité absolue en histoire, l'histoire, toute perception de l'histoire est une perception politique. C'est vrai en général, mais il y a des forces politiques qui ont leurs vérités absolues reconnues sur l'histoire précisément à travers des choix politiques. Il y a des sociétés, il y a des États qui ont leurs vérités absolues sur l'histoire. C'est indéniable.

C'est pourquoi je pense que nous devrions utiliser les leçons de l'histoire pour servir les intérêts de notre État aujourd'hui, la République d'Arménie, les intérêts de l'État et les intérêts de l'avenir. En passant, je vous dirai que je pense que cette conversation est attendue depuis longtemps, tant en Arménie que dans la diaspora, mais je tiens à souligner une fois de plus qu'il ne s'agit pas de changer l'histoire ou de nier l'histoire. Il s'agit de changer notre compréhension pratique de l'histoire. Pourquoi, dans quel but devrions-nous utiliser l'histoire, quelles connaissances devrions-nous tirer de l'histoire ? Cette question n'est pas simple, mais je suis convaincu qu'elle est nécessaire.

Elle est nécessaire, et mes contacts montrent que cette conversation a mûri, mais il est également important que cette conversation ait mûri non seulement en Arménie ou parmi les Arméniens, mais aussi dans un contexte régional, parce que c'est aussi un problème. Pourquoi utilisons-nous l'histoire ? Pour que les confrontations historiques deviennent éternelles, ou bien ces confrontations historiques nous envoient-elles un message sur la nécessité de construire un avenir pacifique, coopératif et stable sur le plan régional ? Je préfère le second point de vue.

Hürriyet Daily News Serkan Demirtaş - Merci beaucoup. J'aimerais poursuivre la question de notre collègue en lui donnant un peu de pertinence pour notre politique quotidienne. Vos déclarations et commentaires, en particulier ceux liés au génocide, sont très bien accueillis tant en Arménie qu'en Turquie, et nous lisons vos commentaires et déclarations à ce sujet. Vous faites également des déclarations très radicales. Vous utilisez un autre concept : internal armenization of genocide. Je voudrais comprendre quel est l'impact de la question du génocide sur les relations entre l'Arménie et la Turquie. A votre avis, est-ce une étape passée, une étape dépassée, est-ce que cette question est restée dans le passé, en termes de relations arméno-turques ? Comme nous le savons, l'Arménie avait pour politique de faire reconnaître le génocide par les parlements de différents pays, etc. Peut-on dire sans risque de se tromper que cette politique ne sera plus appliquée ? De même, certains articles de la partie introductive de votre Constitution mentionnent les expressions « Arménie occidentale » et « génocide ». Si la Constitution de votre pays change, ces expressions n'auront-elles pas leur place dans la nouvelle Constitution ? J'aimerais connaître votre opinion sur ces sujets.

Premier ministre Nikol Pashinyan - Notre position officielle est que la reconnaissance internationale du génocide arménien ne fait pas partie de nos priorités actuelles en matière de politique étrangère. C'est la formulation officielle, mais dans ce contexte, il y a des questions dont la clarification est très significative et importante, et je parle principalement de ces questions dans le cadre du travail, à la fois en Arménie et à l'étranger, dans des conversations avec nos compatriotes, et je pense que c'est une bonne occasion de le dire publiquement aussi. Tout d'abord, je dois dire que ces discussions et spéculations qui ont lieu en Arménie, et pas seulement en Arménie, visent à nier, à nier ou à oublier le grand génocide.

Je tiens à préciser qu'il s'agit d'une vérité indéniable en Arménie et parmi les Arméniens. En d'autres termes, il est tout simplement impossible de la nier ou de la désavouer dans notre réalité, car il s'agit d'une vérité indéniable pour chacun d'entre nous, mais là n'est pas la question. Je veux vous parler directement, si je ne me trompe pas, de mon récent discours lors de la réunion avec les Arméniens à Munich, lorsque j'ai dit ce qui suit : Chers compatriotes, lorsque le parlement ou le gouvernement d'un pays lointain prend une décision, nous sommes très enthousiastes à l'égard de cette décision. C'est le cas dans notre réalité, il n'y a pas de secret, et même dans les pays très éloignés, lorsque de telles décisions sont prises et que l'enthousiasme ou la joie de la décision s'estompe, la question suivante se pose: qu'est-ce que cette décision nous apporte dans nos relations avec notre voisinage proche? Lorsque nous rencontrons des tensions dans notre voisinage immédiat, dans quelle mesure ces tensions contribuent-elles à la stabilité, à la paix, etc. dans notre pays, notre région, etc.

Ici aussi, la question se pose de savoir où et comment nous devons nous attacher à servir les intérêts de l'État arménien, et comment et où nous devons nous attacher à mettre en valeur et à nous appuyer sur ce que nous savons, y compris les vérités historiques. En effet, à l'époque où cette grande tragédie s'est produite, la République d'Arménie n'existait pas.

Aujourd'hui, il y a la République d'Arménie, un État internationalement reconnu, et cet État internationalement reconnu a la capacité d'assurer la sécurité et le bien-être de ses citoyens, mais certaines conditions sont nécessaires pour cela, et à cet égard, l'Arménie n'est pas un pays original. Et j'ai insisté une fois de plus sur ce point lors de la rencontre avec nos compatriotes, en disant : regardez comment tous les pays et nous tous sommes attachés à la paix, mais la paix est d'abord un phénomène régional. Je peux donc, par exemple, bien sûr, j'en ai parlé avec un peu d'humour, imaginer que notre gouvernement a réalisé un très grand exploit international et que nous pouvons garantir la paix à la République d'Arménie. Je m'excuse auprès de nos partenaires australiens de l'avoir mentionné de cette manière, bien qu'il n'y ait rien de mal à le faire, mais avec l'Australie.

En d'autres termes, nous avons une très grande réussite, la paix, mais avec l'Australie, mais avec la Nouvelle-Zélande, mais avec le Brésil, que nous avons, et nous sommes heureux d'avoir des relations normales. Mais nous avons besoin de paix et de bonnes relations, tout d'abord dans les relations avec l'environnement, avec nos voisins immédiats, parce que c'est la paix, la paix qui apporte des résultats concrets pour la sécurité et le bien-être de notre pays, qui est la paix ici.

Bien sûr, je ne parle pas de la sécurité mondiale, car il est évident que le monde est préoccupé par la crise nucléaire depuis plus d'un demi-siècle. Je laisse de côté ces préoccupations mondiales dans ce contexte, qui font bien sûr aussi partie de notre programme parce que nous faisons partie de la communauté internationale, mais la paix, la paix dont nous avons besoin, c'est ce qui est à notre disposition, ce qui est ici, ce qui est maintenant. Nous devons donc penser avant tout à la paix régionale, et c'est la leçon que nous devons tirer de l'histoire.

Et ici, dans cette salle, en 2020, j'ai donné une interview à l'une des chaînes de télévision locales arméniennes, qui m'a demandé s'il était possible que la Turquie ne soit pas une menace pour la sécurité de l'Arménie. J'ai répondu que oui, nous devrions poser cette question et essayer d'y répondre, car je suppose que la Turquie posera la même question à propos de l'Arménie. Et j'essaie également de répondre à cette question dans le cadre de mon travail, dans le contexte où elle a été soulevée.

Bien sûr, ces déclarations ne sont pas universellement acceptées en Arménie. Bien sûr, d'une part, il n'y a pas d'expression de l'Arménie occidentale dans notre Constitution, il y a une expression de l'Arménie occidentale dans d'autres endroits, mais elle n'est pas dans la Constitution. Récemment, j'ai déclaré publiquement à tout le monde lors d'une émission en direct que, selon moi, l'Arménie occidentale est la région d'Armavir de la République d'Arménie, et des localités spécifiques de la région d'Armavir et de la région de Shirak. Et pourquoi, pourquoi est-ce que je fais cette déclaration ? Pourquoi, il y a différentes versions en Arménie, pourquoi je fais cette déclaration, parce que j'ai une tâche pratique, en tant que Premier ministre de la République d'Arménie, de répondre à la question que j'ai mentionnée il y a un instant. Parce que je suis très direct avec notre public.

Vous savez que pour notre public, pour le public international, ces frontières sont effacées pour des raisons que vous connaissez, parce que les médias sociaux, Internet, toutes les annonces apparaissent en quelques secondes, toutes les annonces publiques apparaissent partout en quelques secondes, et c'est pourquoi cette frontière est déjà effacée, nous parlons à notre public, que nous parlions au public international ou régional.

Mon principal message à notre société est le suivant : nous devons être capables de nous regarder, de comprendre comment nous sommes perçus par les autres, et quel message donnons-nous à la région et à la communauté internationale ? Si nous disons clairement à la région et à la communauté internationale que nous devrions attendre, que nous deviendrons plus forts et que nous verrons quels changements territoriaux et autres nous apporterons à la région, alors naturellement tout le monde, ou du moins certains, nous percevront comme une menace. Et si nous entendons des déclarations similaires de la part de nos voisins, nous les percevrons également comme une menace, et c'est ce qui s'est passé. Ne nous le cachons pas, la perception moyenne en République d'Arménie est que la Turquie est une menace pour la sécurité de l'Arménie. Et je crois que parfois le vocabulaire, même le vocabulaire politique utilisé en République d'Arménie, pas nécessairement au niveau officiel, mais parfois au niveau officiel, peut être perçu comme une menace pour la Turquie.

Ce que je dis, c'est qu'il se peut que nous ayons déjà perdu le lien de causalité, dont le point est la cause et qui est l'effet, nous avons déjà perdu ce point. À cause de la perte de ce point et de ces perceptions, nous avons traversé de nombreuses complications et cataclysmes. Mais il existe désormais une opportunité de changer la perception et la réponse, la formulation de cette question. L’opportunité est née du fait que des messages ont été envoyés à la fois par l’Arménie et par la Turquie, indiquant qu’il y avait une volonté des deux côtés de changer la formulation de ces questions, de changer l’accent mis, de changer les perspectives.

Et c’est pourquoi, y compris la presse et les experts, disent parfois qu’il y a une opportunité historique. Et pour revenir à votre question, j’aimerais beaucoup profiter moi-même de cette occasion historique, en tant que Premier ministre de la République d’Arménie. Et même moi, vous savez quoi, vous avez raison, il y a cette nuance, je me rends compte que parfois je fais des déclarations qui, dans un sens politique interne, ne m'apportent aucun bénéfice en tant qu'homme politique et à notre parti politique, mais d'un autre côté, je comprends que cette opportunité ne peut pas être manquée.

Quelle opportunité est-ce là ? C'est une opportunité de renforcer l'État, l'indépendance et la souveraineté de l'Arménie, mais pour moi, il est clair que cela est possible ici, maintenant, grâce à la stabilité et à la paix dans cette région, et grâce à la coopération économique. Et par conséquent, nous devons essayer de faire tout notre possible pour profiter de cette opportunité. Parce que traditionnellement, vous savez, je veux être honnête, même parfois les pessimistes, il est très difficile de dissiper le pessimisme des pessimistes, parce que regardez, j'ai dit qu'un accord a été trouvé en 2022, ce qui est, en fait, très important, mais quand même, ce n'est pas le point final, et beaucoup disent, voici un exemple simple, qu'un accord a été trouvé, cet accord n'est pas mis en œuvre, vous devez, c'est-à-dire que cette question m'est adressée, vous devez enregistrer l'échec de cette politique. Je ne suis pas d'accord avec ça.

Mon équipe politique et moi-même sommes déterminés, patients et cohérents dans le dialogue, les faits et les arguments pour faire de la région une source de stabilité, de paix et de prospérité pour la République d'Arménie. Mais pour cela, la région doit également être une source de paix, de coopération, de prospérité, de sécurité et de stabilité pour les autres pays de la région. Bien sûr, c'est avant tout mon souci et mon devoir, et ce n'est pas correct, je ne peux pas penser pour les autres pays et formuler pour les intérêts des autres pays, mais aussi après les élections de 2021, un tel point a été inclus dans le programme de notre gouvernement, nous appelons ce point la régionalisation.

Ce n'est qu'un mot, mais il comporte de nombreuses facettes. Cela signifie que, dans la conduite de nos politiques, nous nous percevons avant tout comme un pays régional. Cela ne signifie pas que nous allons limiter, interrompre ou réduire nos autres relations, mais nous nous percevons avant tout comme un pays régional. Ce qui est intéressant, c'est que, lorsque nous avons inclus cette thèse dans le programme, j'ai noté – bien sûr, les circonstances n'étaient pas claires, mais c'était en 2021 – que les années 2022-2023 étaient significatives et importantes, car, en tant que Premier ministre de la République d'Arménie, j'ai eu des réunions et des discussions avec les dirigeants de tous les pays de notre région durant cette période. Une telle situation, aussi étrange qu’elle puisse paraître, n’était pas très courante pour nous.

Au fait, pour revenir à la dynamique de nos relations avec la Turquie, vous savez, je dois être direct, car cette réunion et d’autres réunions similaires seront plus significatives afin que nous évitions autant que possible les ambiguïtés. Vous savez, à une époque où il était à l’ordre du jour qu’il devait y avoir des contacts entre les représentants de l’Arménie et de la Turquie, le fait même qu’un tel contact ait lieu pouvait avoir une réaction très complexe sur les réseaux sociaux, etc. Naturellement, la réaction du public limite aussi quelque peu le gouvernement élu par ce public.

Mais maintenant, je considère cela comme une avancée très importante. Je mentionnerai un fait très simple, qui peut paraître simple à première vue, mais qui est symbolique : par exemple, lorsque je rencontre les dirigeants de différents pays à New York et que je publie de courts articles sur mes rencontres sur ma page Facebook, je constate, au retour, que ma rencontre avec le président turc a été la plus populaire auprès des utilisateurs de nos réseaux sociaux, la plus vue et la plus appréciée. Je suis surpris. Mais maintenant, on pourrait penser que nous parlons de « j'aime » sur Facebook, mais je le répète, nous devons rester dans la dynamique. Par exemple, notre première rencontre ne s'est pas déroulée comme cela, mais au contraire, le fait même qu'elle ait eu lieu s'inscrivait dans un contexte négatif : pourquoi le Premier ministre de la République d'Arménie devrait-il organiser une telle rencontre ? Autrement dit, de nombreux complexes ont déjà été surmontés, ce qui, concrètement, ne se reflète pas dans les statistiques, les échanges commerciaux, etc., mais c'est un point crucial. Et je Je considère cela comme une réussite, je dois le dire directement. Je considère cela comme une réussite et c’est aussi la raison pour laquelle je dis aux pessimistes qu’il est trop tôt pour constater l’échec de cette direction et de cette politique.

De plus, je suis convaincu que si nous avançons par petites étapes avec constance, calme, argumentation et respect mutuel, la question ne sera pas de savoir s'il y aura un accord ou non. La question sera de savoir quand il y aura un accord. Ce n'est qu'une question de temps, qui dépendra bien sûr de diverses circonstances. Cet accord peut être reporté de trois mois, de six mois, d'un an. Mais aujourd'hui, je pense que c'est une question de temps, et nous devons patienter avec ce temps et, avant tout, nous laisser guider par la logique de ne pas nuire. À moins que nous ne causions intentionnellement des dommages très spécifiques à ce processus, à mon avis, la normalisation des relations entre l’Arménie et la Turquie est désormais une question de temps.

TRT World Yusuf Erim - Votre Excellence, je vais poser la question en anglais, si ce n’est pas un problème.

Premier ministre Nikol Pashinyan - S'il vous plait.

TRT World Yusuf Erim - Il s'agit de la diaspora, des Arméniens vivant à l'étranger. Vous avez également parlé de normalisation des relations avec la Turquie. Vous avez mentionné que la Turquie et l’Arménie communiquaient autrefois par l’intermédiaire d’un tiers, mais maintenant vous parlez directement, sans médiateur. Pensez-vous que la Turquie et l'Arménie seront capables de coopérer dans des pays tiers à l'avenir, notamment en attendant un règlement, qu'il s'agisse de l'ouverture de la frontière ou de la mise en œuvre d'autres accords visant à instaurer la confiance ? J'aimerais notamment vous interroger sur la Syrie. De nombreux Arméniens vivent en Syrie et la Turquie exerce une grande influence en Syrie. Est-ce un domaine dans lequel vous voyez une opportunité de coopérer avec la Turquie afin de pouvoir apporter une aide appropriée aux Arméniens de souche vivant en Syrie ou au Liban, un autre pays où la Turquie a également une influence ? Ou coopérer sur d’autres questions internationales en attendant la formalisation d’un règlement bilatéral sous la forme d’un document.

Premier ministre Nikol Pashinyan – Vous savez, nous avons déjà des exemples très concrets de coopération sur la scène internationale. Et je pense qu'il est évident que, par exemple, lors de l'élection du Secrétaire général de l'OSCE, nous avons eu un exemple très concret de coopération. C'est un bon exemple, qui montre que la question que vous souleviez concernant l'avenir est déjà une réalité aujourd'hui.

En ce qui concerne les pays tiers, la particularité est que nous sommes naturellement limités par la souveraineté de ces pays tiers et nous ne parlons pas d'interférer dans les affaires des pays tiers, et je suppose que votre question est également la même.

Mais, bien sûr, nous sommes intéressés par la manière dont nous pouvons coopérer sur la même question de la Syrie, d’où, malheureusement, des nouvelles inquiétantes ont commencé à arriver à nouveau. Il existe également un dialogue similaire entre l'Arménie et la Turquie, certes plus limité, mais néanmoins, oui, cet agenda existe, je le répète, dans le respect de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de la juridiction de tous les pays. Autrement dit, nos perceptions sont les mêmes.

Et oui, bien sûr, nous avons une communauté arménienne en Syrie, dont le sort nous préoccupe. Malheureusement, suite aux événements de ces dernières années, beaucoup ont dû quitter la Syrie. Mais aujourd'hui, une communauté arménienne existe toujours là-bas, et nous en avons également une au Liban, et nous nous efforçons de voir ce que nous pouvons faire pour garantir les meilleures conditions possibles à nos communautés dans ces pays, dans la mesure de nos possibilités. Concernant la Syrie, nous avons eu des discussions et des échanges concrets, et si rien ne nous empêche de le faire, nous aurons également des manifestations concrètes de coopération.

Medyascope, Mehmet Tatli – Monsieur le Premier ministre, merci pour cette invitation. Nous avons eu des entretiens ces deux derniers jours. Lors de ces rencontres, on nous a principalement dit que l'Azerbaïdjan constituait actuellement un obstacle aux relations entre l'Arménie et la Turquie. Vous avez évoqué il y a un instant l'importance de la paix et du bon voisinage dans la région. Nous savons qu'il existe des accords entre les États-Unis et Israël concernant l'Iran, et qu'ils évoquent la possibilité d'une intervention militaire. Quel sera l'impact de ces accords sur l'Arménie dans les négociations avec l'Azerbaïdjan ? Comment évaluez-vous la politique de Trump et d’Israël envers l’Iran et peut-elle avoir un impact interconnecté sur les relations entre l’Arménie et la Turquie ?

Premier ministre Nikol Pashinyan – Vous savez, par exemple, l'année dernière, nous avons reconnu l'indépendance de la Palestine, et je dois dire que c'était aussi une expression de notre politique de régionalisation. Et la position de nos voisins immédiats, la République islamique d'Iran et la Turquie, n'a pas joué de rôle secondaire dans cette décision. Et à cet égard, bien sûr, les situations régionales nous préoccupent et nous inquiètent – les événements négatifs, et naturellement, lorsqu’une évolution positive se produit, nous essayons de contribuer à cette évolution positive du mieux que nous pouvons.

Bien sûr, nous entretenons également de bonnes relations avec les États-Unis. Nous avons signé un accord de coopération stratégique cette année. Nous entretenons de bonnes relations avec la République islamique d'Iran, et toute tension dans leurs relations nous inquiète naturellement. Et, comme je l'ai déjà dit, la paix dans la région est également un facteur et une garantie du bien-être de l'Arménie. Cela ne signifie pas que nous ne parlons que de la paix en Arménie, car je peux bien sûr vous citer l'exemple de 2008, lorsque les événements ont eu lieu en Géorgie. Vous connaissez la situation militaire liée à l’Ossétie du Sud, qui a très vite eu un impact négatif sur la vie socio-économique de l’Arménie.

C'est précisément la justification concrète de cette idéologie de régionalisation : il est impossible qu'il n'y ait ni stabilité ni paix dans la région, et qu'un seul pays puisse jouir de la stabilité et de la paix. Ce n'est pas le cas. Et, à mon avis, c'est précisément le changement fondamental de perception dont notre région a besoin. En ce sens, c'est certes inquiétant, mais d'un autre côté, certains signes indiquent une volonté de surmonter les divergences par la négociation, pacifiquement et diplomatiquement. J'espère que nous suivrons ce scénario, car la stabilité et la paix en République islamique d'Iran sont importantes pour nous, comme pour tous les pays de la région. Et nous essayons de mener notre politique avec cette logique, et là où nous avons l’effort à faire, parce que naturellement tout ne dépend pas de nous, nous ne manquerons pas de faire cet effort.

NTV Mete Chubukcu – Merci beaucoup, cher Monsieur le Premier Ministre. J'ai une question: après la guerre du Karabakh, les accords entre l'Azerbaïdjan et le Nakhitchevan évoquent une sorte de corridor. La Turquie maintient sa position et sa formulation concernant ce corridor, qu'elle appelle « corridor de Zanguezour ». Quelle est votre position concernant ce corridor ? Nous avons tous vu ici le projet « Carrefour de la paix ». S'agit-il d'une alternative au « Corridor de Zanguezour » ou reflète-t-il votre approche régionale générale ? Merci.

Premier ministre Nikol Pashinyan - Vous savez, tout d'abord, l'expression « corridor de Zangezur » est incompréhensible et inacceptable pour nous, car tout d'abord, la République d'Arménie n'a rien à voir avec cette expression, et le fait qu'une telle expression soit utilisée, en République d'Arménie, est perçue comme une revendication territoriale contre la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Arménie. J'ai eu l'occasion et j'ai récemment publié un article sur ce sujet, dont le point principal était que nous sommes en faveur de l'ouverture des communications régionales, et permettez-moi de dire que tout d'abord, nous sommes en faveur de l'ouverture des communications régionales, car en réalité, c'est nous qui sommes sous blocus. Aucun autre pays de la région n’est sous blocus. Nous avons 4 frontières, dont deux sont complètement fermées. Et ce fait même montre à quel point nous avons besoin et sommes intéressés par l’ouverture des communications régionales.

De nombreuses références sont faites, notamment au paragraphe 9 de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, mais je voudrais attirer votre attention sur un fait très important : au paragraphe 9 de la déclaration trilatérale du 9 novembre, il n’est absolument pas fait mention d’un corridor. Je comprends que le mot corridor est utilisé différemment dans d’autres régions et dans le discours international, mais dans le contexte de la déclaration trilatérale du 9 novembre, il y a une nuance, il y a l’expression corridor de Lachin, qui dans ce contexte est spécifique, c’est-à-dire qu’elle est écrite et signée, alors qu’au point 9 de la déclaration trilatérale du 9 novembre, l’expression corridor n’existe pas du tout.

En outre, on parle beaucoup du fait que la déclaration trilatérale du 9 novembre contient une disposition selon laquelle la sécurité du transport de passagers et de marchandises à travers le territoire de l’Arménie doit être assurée par des représentants et des forces de pays tiers. Rien de tel n'est mentionné dans la déclaration trilatérale du 9 novembre. De plus, il est écrit que la République d'Arménie garantit la circulation des marchandises, des véhicules et des passagers. Comment la République d'Arménie peut-elle garantir la sécurité si elle ne l'assure pas elle-même ?

Mais je voudrais également faire l’observation suivante concernant la déclaration trilatérale: la déclaration trilatérale ne peut pas être traitée au coup par coup. Par exemple, la déclaration trilatérale mentionne l'échange et le retour de prisonniers de guerre, d'otages et d'autres détenus, mais cette question n'a pas encore été résolue. De plus, elle est exacerbée par les procès qui se déroulent à Bakou, qui, selon nous, sont des mises en scène où des mesures prohibées, la torture et, selon nos informations, d'autres mesures prohibées, sont utilisées. La déclaration trilatérale mentionne le Haut-Karabakh, alors que l'Azerbaïdjan continue d'affirmer qu'il n'existe pas. La déclaration trilatérale évoque le retour des réfugiés au Haut-Karabakh et dans les régions adjacentes, mais après la déclaration trilatérale, au contraire, le nombre de réfugiés a augmenté, et il y a eu des déplacements forcés, etc. Il est donc déconseillé de traiter les dispositions de la déclaration trilatérale au coup par coup. Dans certains endroits, on dit qu'il n'est plus en vigueur, dans d'autres, on dit qu'il est en vigueur, tout en lui attribuant des dispositions qui n'existent pas réellement. Après tout, il s'agit d'un document public.

En ce qui conserne aux communications: la République d'Arménie est-elle prête à assurer la liaison des régions occidentales de l'Azerbaïdjan avec la République autonome du Nakhitchevan via son propre territoire ? Oui, bien sûr. Nous avons d'ailleurs fait une proposition très concrète à l'Azerbaïdjan à ce sujet, qui, à notre avis, n'est pas une simple proposition, mais une solution au problème du transport ferroviaire de marchandises. Nous attendons la réponse de l'Azerbaïdjan.

Je tiens toutefois à attirer votre attention sur le fait qu'en général, y compris dans la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, il n'existe pas de programme distinct visant à assurer la connectivité des transports entre les régions occidentales de l'Azerbaïdjan et le Nakhitchevan. Ce programme fait partie intégrante du programme d'ouverture des communications régionales en général. Ce qui signifie que l’Arménie et l’Azerbaïdjan doivent ouvrir mutuellement des communications, à la fois à l’intérieur, c’est-à-dire d’Arménie à Arménie à travers le territoire de l’Azerbaïdjan, et d’Azerbaïdjan à Azerbaïdjan à travers le territoire de l’Arménie.

Je voudrais attirer votre attention sur le fait que, par exemple, il n’existe pas de liaison ferroviaire entre les régions du nord de l’Arménie et Meghri, c’est-à-dire la région du sud, et la liaison ferroviaire ne passe que par le territoire de l’Azerbaïdjan, c’est-à-dire la République autonome de Nakhitchevan. En d'autres termes, cela suppose, et c'est pourquoi nous disons, que nous sommes certainement prêts à fournir la connexion ferroviaire et nous espérons qu'une connexion similaire sera fournie pour l'Arménie, en particulier pour la connexion ferroviaire de Yeraskh à Meghri, car en raison du terrain montagneux, très montagneux, il y a des difficultés à avoir une voie ferrée du sud au nord à travers le territoire de l'Arménie.

Dans le même temps, selon nous, cela signifie également la création d’une liaison ferroviaire de l’Azerbaïdjan à travers le territoire de l’Arménie vers la Turquie et vice versa, ainsi que la création d’une liaison de transport routier, y compris de l’Azerbaïdjan vers la Turquie et vice versa. Cela signifie que l'Arménie pourra être reliée à la République islamique d'Iran et à la Russie par voie ferrée et routière via le territoire azerbaïdjanais. Bien entendu, dans ce cas, l'ouverture de la ligne ferroviaire Arménie-Turquie est également prévue.

Nous sommes prêts pour ces solutions. Et nous ne comprenons pas pourquoi l’Azerbaïdjan ne répond pas à ces solutions et, au contraire, essaie constamment d’utiliser le sujet avec une logique d’escalade. En d’autres termes, la question a une réponse très claire. La République d’Arménie est-elle prête à offrir la possibilité de transporter du fret ferroviaire depuis l’Azerbaïdjan occidental à travers le territoire de l’Arménie jusqu’à Nakhitchevan ? Oui, est prêt. Nous espérons également que la même opportunité sera créée pour une liaison ferroviaire d’Arménie à Arménie à travers le territoire de l’Azerbaïdjan. Nous sommes également prêts à assurer le transport routier.

D'ailleurs, j'ai souligné dans mon dernier article que si dans d'autres conditions, dans d'autres cas, il serait encore nécessaire de faire des investissements dans les infrastructures, mais à l'heure actuelle, en cas de décision politique et juridique, il est possible d'assurer la communication de transport routier de la Turquie à travers le territoire de l'Arménie vers l'Azerbaïdjan via le poste de contrôle de Margara, où l'infrastructure est prête, les routes sont en état normal, jusqu'au poste frontière de Tegh, au-delà duquel il y a déjà un poste frontière de l'Arménie vers l'Azerbaïdjan jusqu'à Lachin et de là jusqu'aux profondeurs de l'Azerbaïdjan.

C'est-à-dire aujourd'hui même et je l’ai annoncé publiquement, nous sommes prêts à fournir une telle connexion routière, qui exprime et constitue un ensemble de ces perceptions, que nous appelons le « Carrefour de la Paix ». De plus, nous avons spécifiquement choisi un tel nom pour le projet afin qu'il ne provoque pas d'allergies dans aucun de nos pays voisins. Et je pense que c’est une justification très directe de notre position et de notre positionnement constructifs.

"Agos" Hebdomadaire arménien, Lucien Kopar - Ma question concerne les prisonniers de guerre arméniens en Azerbaïdjan. Ruben Vardanyan est emprisonné et est actuellement en grève de la faim. La presse arménienne critique le gouvernement arménien à ce sujet, affirmant que les efforts appropriés ne sont pas déployés. Que pensez-vous de ce problème ?

Premier ministre Nikol Pashinyan – J’ai déjà dit que cette situation est très préoccupante pour nous. Aujourd'hui, nous avons au moins 23 prisonniers, otages et autres personnes détenues en Azerbaïdjan, et nous mettons tout en œuvre pour résoudre ce problème. Mais d'un autre côté, nous devons comprendre que cela se produit dans un contexte où l'Azerbaïdjan, en réalité, exploite ce facteur à des fins d'escalade. Et lorsqu'ils affirment que le gouvernement arménien ne fait pas les efforts nécessaires pour résoudre ce problème, cela signifie qu'ils sont suffisamment informés. S'ils sont suffisamment informés, ils devraient alors passer à l'étape suivante et montrer au gouvernement arménien quelles mesures il devrait prendre, ce qui portera ses fruits, et le gouvernement ne fait pas ces efforts.

Je comprends généralement ces critiques et je dis toujours que tant que les efforts du gouvernement ne portent pas leurs fruits, chacun peut dire qu'aucun effort n'est fait, car ces efforts se font principalement au niveau diplomatique. En effet, dans ce genre de situation, les déclarations publiques doivent être très ciblées et servir un objectif précis. Or, au-delà de certains cas, elles n'apportent aucun bénéfice et, au contraire, peuvent être préjudiciables. Je cite toujours l'exemple de décembre 2023, lorsque 32 de nos compatriotes capturés sont rentrés en Arménie. Jusqu'à la dernière seconde, personne n'a été au courant de nos efforts, et jusqu'à la dernière seconde, les critiques ont persisté, affirmant que le gouvernement ne faisait rien. Et ces personnes avaient raison de leur point de vue, car, selon elles, le gouvernement n'agit que lorsque le problème est résolu.

Tant que ce problème n’est pas résolu, n’importe qui peut prétendre que le gouvernement ne fait pas les efforts nécessaires, mais jusqu’à l’annonce officielle du retour de nos compatriotes capturés en décembre 2023, il y a eu de très fortes critiques jusqu’à ce dernier moment, et que le gouvernement ne fait rien. Et le gouvernement le faisait, et cela n’est devenu connu que quelque temps après ces déclarations, et c’est devenu évident.

J'ai déjà dit que c'est une question douloureuse, mais il y a aussi ceci: nous voyons que l'Azerbaïdjan, malheureusement, prend cette question, et je le répète, en particulier dans le contexte du processus de paix, où il y a des tentatives constantes d'introduire des facteurs d'escalade supplémentaires, y compris des déclarations publiques sur la torture, des justifications visuelles sur des moyens interdits, ce qui est bien sûr dérangeant, inacceptable, et le gouvernement arménien a exprimé une position claire sur cette question.

İhlas Haber Ajansı, Yaprak Mutlu – Monsieur le Premier ministre, merci. Ma question concerne le processus d'adhésion de l'Arménie à l'Union européenne. L’Arménie a officiellement entamé le processus d’adhésion à l’Union européenne. Comme nous le savons, une décision a été prise au Parlement arménien à ce sujet. Ma question est la suivante : où en est l’Arménie dans son processus d’adhésion à l’Union européenne ? Comment maintenez-vous l’équilibre dans vos relations avec la Russie et l’Occident ?

Premier ministre Nikol Pashinyan – La République d'Arménie a adopté une politique étrangère équilibrée et équilibrante. Dans le cadre de cette politique, nous développons nos relations avec l'Union européenne et, dans le cadre de l'Union économique eurasiatique, avec la Russie. Comme je l'ai déjà dit, notre politique de régionalisation s'inscrit également dans le cadre de ces relations, de cette formule. Nos relations avec l’Union européenne se sont développées et approfondies ces dernières années et, dans le contexte de ces évolutions, la société civile et les représentants du public ont soumis au Parlement un projet de loi avec environ 50 000 signatures. Notre Constitution prévoit que les citoyens peuvent soumettre un projet de loi réunissant 50 000 signatures à l'examen du Parlement. C'est ce qui s'est produit, et notre majorité au pouvoir a décidé de voter en sa faveur. Ce vote s'inscrit également dans la logique d'une politique étrangère équilibrée et équilibrante.

Nous ne mettons pas non plus en contraste l'approfondissement de nos relations avec l'Union européenne avec nos autres partenaires. De plus, un fait intéressant, si l'on examine attentivement notre région, est la réalité actuelle : deux de nos quatre voisins sont candidats à l'adhésion à l'UE. Et je veux dire, ce processus ne contredit pas non plus notre politique de régionalisation. Mais d'un autre côté, nous comprenons, et c'est évident, que l'adoption de ce projet ne signifie pas l'adhésion à l'Union européenne, car il s'agit d'un processus totalement différent. Nous exprimons ainsi notre intérêt politique pour ce processus, conscients de sa complexité.

Mais d’un autre côté, dans le contexte d’une politique étrangère équilibrée et équilibrante, nous voulons aussi avoir un certain menu d’alternatives pour notre peuple, comme je le dis, parce que même l’adhésion à l’Union européenne peut finalement se produire aussi si elle est approuvée par un référendum général, dans le cas de la République d’Arménie, parce que même dans ce cas, ce n’est pas encore un fait que l’Arménie rejoindra l’Union européenne, parce que les États membres de l’Union européenne doivent également parvenir à un consensus à leur tour.

Je veux dire, nous voulons simplement, je veux être direct à ce sujet, que la République d’Arménie surmonte la politique étrangère du manque d’alternatives. Nous voulons que la République d’Arménie et le peuple arménien aient des alternatives. Il ne s'agit pas d'un choix direct entre ces alternatives, mais plutôt d'une opportunité, une autre alternative pour notre État et notre peuple. Il s'agit essentiellement d'un service, bien sûr aussi pour notre société, et plus de 50 000 signatures ont été recueillies, près de 60 000. C'est aussi l'expression de notre nature démocratique : nous ne pouvons pas… Si la Constitution offre une telle opportunité, pourquoi le gouvernement démocratique et la majorité démocratique devraient-ils rejeter ce projet ? C'est notre perception, et je pense que c'est un ajout important au programme et aux opportunités du peuple arménien et à la politique étrangère de la République d'Arménie, si je peux le dire ainsi, dans le menu et les possibilités.

Je le répète, l’une de nos tâches les plus importantes est de surmonter notre politique d’équilibre et de manque d’alternatives à une politique étrangère équilibrée et d’entrer dans un endroit où nous pouvons regarder plus attentivement notre région, regarder plus attentivement le monde, regarder plus attentivement les opportunités, analyser les menaces plus attentivement, mais aussi voir des opportunités. Et c'est la suite logique, je le répète, y compris notre politique régionale. J'ignore quelle serait notre approche, mais lors de nos discussions et analyses, nous avons constaté que deux de nos quatre voisins sont candidats à l'adhésion à l'Union européenne. De plus, la Turquie a récemment déclaré qu'elle n'avait pas du tout abandonné sa politique européenne. Il semble également que, malgré l’ampleur des problèmes dans les relations entre la Géorgie et l’Union européenne, la Géorgie déclare également qu’elle n’a pas abandonné la politique de rapprochement avec l’Union européenne, et nos décisions doivent également être considérées dans ce contexte.

CNN Türk, Idris Arikan – Monsieur le Premier ministre, un processus est en cours en Turquie. Malgré les nombreuses difficultés, nous constatons que ce processus est également lié à l'Azerbaïdjan. Tous nos interlocuteurs en parlent. Nous souhaitons comprendre les discussions avec l'Azerbaïdjan : des problèmes existent entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan depuis les années 1990, la question des réfugiés, etc. Dans les déclarations de Bakou, je dis parfois que ces réfugiés doivent rentrer. Est-ce perçu comme une revendication territoriale, la question du retour de ces personnes, etc. ? Quel est votre point de vue sur cette question, alors que l'Azerbaïdjan soulève également la question du retour des réfugiés ?

Premier ministre Nikol Pashinyan – Il y a un ajout très important à votre question. L’Azerbaïdjan soulève en réalité un problème qu’il appelle « l’Azerbaïdjan occidental ». Et l'Azerbaïdjan appelle environ 60 à 70 % du territoire souverain de la République d'Arménie « Azerbaïdjan occidental » et nous invite à discuter de la question de « l'Azerbaïdjan occidental », appelant 60 à 70 % du territoire de la République d'Arménie « Azerbaïdjan occidental ». Nous disons qu’il n’y a pas d’« Azerbaïdjan occidental » en Arménie. Si nous voulons chercher l'Azerbaïdjan occidental, l'Azerbaïdjan occidental ou voir, montrer : l'Azerbaïdjan occidental est la région de Qazakh, Aghstafa, Getabey, Kelbajar, Lachin, Zangelan, Kubatlu de l'Azerbaïdjan, si j'oublie le nom d'une région, cela ne signifie pas une omission intentionnelle, mais je veux dire, nous pouvons regarder la carte et dire ce qu'est l'Azerbaïdjan occidental. C'est l'Azerbaïdjan occidental. Il n’y a pas d’Azerbaïdjan occidental au-delà de cette ligne. Par souci de concision, le Nakhitchevan peut également être considéré comme l’Azerbaïdjan occidental en termes géographiques.

Je veux dire, ils essaient de placer cela sous la logique des questions humanitaires, en nous appelant à discuter d'une question, mais je le répète, ils appellent 60 % du territoire souverain de notre pays « Azerbaïdjan occidental ». Et donc, une telle question n’est pas discutable pour nous, ne peut pas l’être, n’est pas discutable pour aucun pays, ne peut être discutable pour aucun pays.

Et en général, si nous parlons du sujet des réfugiés, j’ai déjà mentionné que nous avons même un document sur le retour des réfugiés au Haut-Karabakh et dans les régions adjacentes. En Arménie et dans la diaspora, il y a des réfugiés du Nakhitchevan, de Bakou, de Soumgaït, des régions entourant le Haut-Karabakh, de Gandja, etc. Nous avons le sentiment qu’il s’agit simplement de revendications territoriales contre l’Arménie et que nous ne pouvons donc pas discuter de cette question.

Le terme « corridor de Zangezur » nous est également inacceptable pour cette raison même, car il contient une revendication territoriale contre la République d’Arménie. Si nous parlons de communication de transport et de communication économique, nous sommes ouverts et disons oui, nous sommes prêts, comme je l'ai déjà dit, à débloquer les liens régionaux, de transport et économiques dans les conditions de la souveraineté, de l'intégrité territoriale, de la juridiction et de la réciprocité des pays. Conscients des complications, nous nous disons même prêts à certaines simplifications pour que cela devienne réalité. Nous avons formulé une proposition concrète pour le rétablissement de la liaison ferroviaire et attendons la réponse de l'Azerbaïdjan. De plus, nous ne publions pas l'essentiel de cette proposition, pour la simple raison que cela ne constituerait pas une violation de la rectitude diplomatique, puisque nous dévoilons l'essentiel du document de travail. Cependant, nous estimons avoir résolu ce problème et attendons une solution similaire pour nous-mêmes.

Aujourd’hui, je dis que nous avons proposé une solution qui a résolu le problème du transport ferroviaire de marchandises de l’Azerbaïdjan occidental au Nakhitchevan à travers le territoire de l’Arménie. Il ne reste plus qu’à l’Azerbaïdjan d’accepter cette solution. De plus, depuis 2022, si je ne me trompe pas, un projet de décision gouvernementale sur l'ouverture de trois points de contrôle à la frontière avec l'Azerbaïdjan circule au sein du gouvernement. En d’autres termes, le projet vise à ouvrir des points de contrôle à des points frontaliers spécifiques afin que les véhicules, les marchandises et les citoyens azerbaïdjanais puissent traverser le territoire de la République d’Arménie, y compris vers le Nakhitchevan. Et c’est ainsi que nous comprenons le problème.

En quoi l'Azerbaïdjan se contredit-il ? Il se contredit en qualifiant officiellement 2021 et la période suivante de période post-conflit. Pourtant, il parle quotidiennement le langage du conflit. En d’autres termes, ces deux déclarations sur l’Azerbaïdjan ne sont pas cohérentes entre elles. Chaque jour, le langage du conflit, chaque jour une rhétorique agressive, chaque jour la force, voire très souvent la menace et l'usage de la force, et le discours sur l'« Azerbaïdjan occidental » qui remet en question l'existence même de l'Arménie, soyons honnêtes, l'existence même de l'État arménien. Et parallèlement, une invitation à discuter, pardon, à mon avis, c'est pour le moins étrange.

D’ailleurs, et c’est peut-être dans le cadre de cette résolution de paix que je dis d’un côté que de cette ligne, l’Azerbaïdjan occidental est ici, il n’y a pas « d’Azerbaïdjan occidental » de ce côté de cette ligne, mais je comprends que cette conversation serait incomplète si je ne disais pas que l’Arménie occidentale est aussi ici. Il s’agit essentiellement de deux phrases, mais c’est notre perception et notre idée de la paix, car si ces formules n’existent pas, et je le répète, il peut y avoir toutes sortes de perceptions différentes de l’histoire, des événements historiques, etc., mais si nous voulons construire, il est impossible de construire quoi que ce soit sur une région en pleine mutation.

Au fait, il y a quelque chose de très important. N'oublions pas que la République d'Arménie et la République d'Azerbaïdjan disposent déjà du premier document international mutuellement ratifié, qui est le règlement des commissions de démarcation de nos pays, qui a été signé par les commissions de nos pays et ratifié selon les procédures en vigueur dans nos pays, qui stipule que la base, le principe fondamental de la démarcation est la Déclaration d'Alma-Ata. La Déclaration d’Alma-Ata, signée en 1991, fait deux déclarations dans le contexte de notre question, la première étant que l’Union soviétique cesse d’exister et que les frontières administratives des pays de l’Union soviétique deviennent des frontières d’État. Par conséquent, ces discussions contredisent directement le document de jure existant entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Nous sommes attachés à cet accord et progressons patiemment et avec constance vers la paix.

T24, Barçın Yinanç – Le ministre turc des Affaires étrangères et le secrétaire d'État américain évoquent systématiquement la région du Caucase dans leurs échanges. Je crois que vous avez également rencontré Trump. La position américaine peut-elle jouer un rôle dans ce processus de paix ? Car si l'on regarde les choses sous un angle différent, sous la présence de Trump, selon certains commentateurs, de nombreux pays pourraient préférer un monde dit désordonné. Ou disons que certains développements régionaux, conflits, la guerre entre la Russie et l’Ukraine, un éventuel cessez-le-feu, etc., sont interprétés différemment. Par conséquent, en ce qui concerne cette opportunité, cette fenêtre que vous avez soulignée, à votre avis, il existe de tels facteurs dans le monde et dans la région, de tels développements qui pourraient constituer un obstacle à cette opportunité, à cette fenêtre.

Et je voudrais comprendre : si la paix avec l’Azerbaïdjan, certes, n’est pas encore en vue, l’absence de relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie freine le développement des relations entre l’Arménie et la Turquie. Pourriez-vous clarifier les arguments avancés contre les pessimistes que vous avez mentionnés, car après tout, aucun accord entre l’Arménie et la Turquie n’est encore conclu ? Vous dites que c’est une question de temps, bien sûr, des signaux et messages positifs ont été envoyés par la Turquie, et acceptez-vous cela comme une question de temps ? Sans vouloir me répéter, mais plus la paix avec l’Azerbaïdjan tarde, pensez-vous que les relations entre l’Arménie et la Turquie resteront instables ? Ne voyez-vous pas ce risque ?

Premier ministre Nikol Pashinyan – Je voudrais m’opposer à cette formulation selon laquelle la paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan n’est pas visible à l’horizon. Je dirais que c'est juste une tentative constante de créer un écran de fumée à l'horizon pour que cette paix ne soit pas visible. En fait, des piliers de paix très importants ont été posés entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Quels sont ces piliers ? J'en ai déjà mentionné un.

L’Arménie et l’Azerbaïdjan ont essentiellement convenu de reconnaître l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’autre sur la base de la Déclaration d’Alma-Ata de 1991. C'est ce qui devrait être visible à l'horizon. En outre, les articles convenus du projet de traité de paix réaffirment cette réalité, en stipulant qu’ils n’ont aucune revendication territoriale l’un contre l’autre et s’engagent mutuellement à ne pas formuler de telles revendications territoriales à l’avenir. Cela est très clairement visible à l’horizon, mais maintenant vous vous demandez : quel est cet écran de fumée ? L’écran de fumée, c’est le discours sur « l’Azerbaïdjan occidental », car lorsque nous sommes parvenus à un accord reconnaissant l’intégrité territoriale de chacun, alors il ne devrait plus être question d’« Azerbaïdjan occidental ».

Les procès qui se déroulent à Bakou ne sont qu'un écran de fumée dont le seul objectif, je ne sais lequel, du moins c'est notre perception, est d'anéantir les avancées du processus de paix, car nous négocions ce processus depuis quatre ans et nous obtenons des résultats. J'ai déjà dit que nous ne les enregistrons pas, nous nous concentrons constamment sur l'accord de paix, qui est bien sûr une pierre angulaire importante, mais le fait que l'Arménie et l'Azerbaïdjan aient signé un document international et l'aient ratifié dans les deux pays est déjà un fait établi et une réalité. De plus, nous avons délimité des zones frontalières. Et voici le problème : quelle voie allons-nous suivre à partir de maintenant ? Si vous avez bien suivi, j'ai dit que si nous sommes cohérents dans nos efforts, cette voie, ce projet est déjà sur la table, il ne faut pas l'abandonner. Nous n’avons pas réellement besoin de construire quoi que ce soit de nouveau à ce stade, nous devons simplement ne pas détruire ce qui a été enregistré. C'est de cela dont nous parlons.

Oui, nous comprenons également les sensibilités et les spécificités des relations entre la Turquie et l'Azerbaïdjan. C'est indéniable, mais d'un autre côté, j'ai déjà dit que nous avons également des processus en cours dans les relations entre l'Arménie et la Turquie. Et je pensais simplement que dans les sept premières minutes, lorsque j’évoquais les événements dans les relations entre l’Arménie et la Turquie, j’avais laissé de côté des choses que j’aurais pu compléter, pour arriver à 10, 11, 12, 15 minutes. En outre, depuis deux années consécutives, le ministre arménien des Affaires étrangères participe à la Conférence diplomatique d’Antalya. Après le tremblement de terre dévastateur, le ministre des Affaires étrangères s'est rendu dans la zone sinistrée en Turquie. Nous avons envoyé de l'aide humanitaire. C'est une bonne chose que nous ayons envoyé de l'aide humanitaire. Il est regrettable que cela soit dû à des événements aussi tragiques.

Mais je le répète, concernant le rôle de la Turquie, je pense qu'elle a également le choix, car nous entendons dire qu'elle essaie, ou du moins, nous interprétons peut-être mal le message. Comme vous l'avez mentionné, pourquoi la Turquie discute-t-elle également des questions du Caucase du Sud avec les États-Unis ? Nous avons l'impression que, du moins selon les messages qu'elle véhicule, elle prône la stabilité dans le Caucase du Sud. Nous constatons que la Turquie, tant au niveau du président que du ministre des Affaires étrangères, est favorable à la signature d’un accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Si nous comprenons bien ces messages, nous comprenons peut-être que cela peut aussi contribuer à un certain équilibre dans les relations de la Turquie dans le Caucase du Sud, ou peut-être que nous le comprenons mal. D'un autre côté, tout effort contribuant à la signature d'un accord de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan sera certainement utile. Il faut cependant tenir compte du fait que l'Arménie et l'Azerbaïdjan travaillent actuellement en format bilatéral. Nous souhaitons également que nos partenaires internationaux soient informés de l'évolution du processus de paix et partageons nos informations avec eux.

T 24 Barçın Yinanç - Chacun a bien sûr eu l'occasion de poser une question, mais si vous souhaitez transmettre quelque chose à la société turque, transmettre un message, comment aimeriez-vous qu'il soit présenté ?

Premier ministre Nikol Pashinyan – Oui, je veux. Savez-vous ce qui m'a surpris, la manière dont vous avez commencé votre discours ? Vous avez dit que vous aviez un proverbe turc qui dit : l'eau pour les petits, la parole pour les grands. Le problème, c'est que nous avons aussi ce proverbe. Je dois dire que c'est ce qui m'a le plus surpris lors de mes contacts avec les représentants turcs, car lors des réunions, des négociations et des discussions diplomatiques avec divers représentants, il existe peut-être aussi une coutume régionale : nous nous référons constamment à nos proverbes populaires.

Sans exagérer, il y a probablement eu au moins trois ou quatre cas où, lors de conversations avec des représentants turcs, soit j'ai dit qu'il existait un proverbe en Arménie et je l'ai cité, et l'interlocuteur turc a répondu : « Vous savez quoi, nous avons aussi un proverbe », soit le représentant turc a dit : « On le dit ici, je l'ai dit aussi, mais vous savez quoi, on le dit aussi ici. » J'ai été très surpris par vos premiers mots, vous avez évoqué le fait qu'on dit dans votre pays : « L'eau aux petits, la parole aux vieux. » C'est une expression très répandue en Arménie, que j'ai entendue des milliers de fois chez nos aînés, et moi-même, devenu parent et adulte, je l'ai utilisée des milliers de fois dans mes interactions avec nos enfants. Si c'est perçu comme un message, je pense que c'est un très bon message. Merci beaucoup.



 

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