Communiqués de presse

Le Premier ministre Pashinyan participe à la discussion "Sécurité et stabilité dans le Caucase du Sud: Perspective de l'Arménie " à Berlin

02.03.2023

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Le Premier ministre Nikol Pashinyan a visité le Conseil allemand des relations étrangères à Berlin, où il a eu une réunion avec des représentants des cercles politiques, sociaux et d'experts, et a participé à la discussion "Sécurité et stabilité dans le Caucase du Sud. Perspective de l'Arménie".

Le Premier ministre a d'abord prononcé un discours, dans lequel il a notamment déclaré:

"Mesdames et messieurs,

Je suis heureux d'avoir l'opportunité d'être ici aujourd'hui et de m'adresser à cet auditoire distingué. Tout d'abord, je voudrais exprimer ma gratitude et ma reconnaissance à M. Ralf Nickel, vice-président du Conseil, et au directeur M. Guntram Wolff et son équipe pour l'organisation de cet événement.

Nous vivons aujourd'hui à une époque où des bouleversements tectoniques non seulement naturels mais aussi géopolitiques se produisent dans le monde entier. L'instabilité géopolitique grandissante, les tensions croissantes et l'imprévisibilité affaiblissent l'ordre mondial et le système de sécurité international, créant des défis encore plus grands, surtout pour un pays comme l'Arménie, avec la démocratie dans une région complexe, nous rendant plus vulnérables dans notre région compliquée.

Chers participants,

Nous avons été témoins des premiers germes des défis d'aujourd'hui et de l'effondrement de l'architecture de sécurité européenne dans notre région en 2020, lorsque l'Azerbaïdjan a déclenché une guerre contre le Haut-Karabakh.

Après la signature de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, l'Azerbaïdjan non seulement n'a pas abandonné ses politiques belliqueuses et ses menaces, mais a également mené une nouvelle agression, cette fois contre les territoires souverains de la République d'Arménie en mai 2021, novembre 2021 et septembre 2022.

Lors de la dernière agression - les 13 et 14 septembre 2022, l'Azerbaïdjan a lancé une attaque militaire de grande ampleur visant les infrastructures militaires et civiles de l'Arménie à l'aide d'artillerie lourde, de systèmes de missiles et de drones. En conséquence, la partie arménienne a eu 225 victimes, dont 3 civils. Plus de 150 kilomètres carrés des territoires souverains de l'Arménie ont été occupés.

Aujourd'hui, je ne voudrais pas entrer dans les détails des agressions de 2020, 2021, 2022, mais il est impossible d'ignorer les preuves de multiples cas de torture, de mutilation de militaires arméniens capturés ou déjà morts (y compris des femmes) et d'autres atrocités commises par les forces militaires azerbaïdjanaises. Les horribles vidéos montrant les militaires azéris commettant des crimes de guerre "à la ISIS" en exécutant des prisonniers de guerre Arméniens doivent être reconnues et traitées par la communauté internationale. Un autre problème est l'engagement de mercenaires syriens par l'Azerbaïdjan.

Pendant l'agression de septembre 2022, lorsque le système de sécurité extérieure de l'Arménie n'a pas fonctionné, nous avons demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU qui s'est tenue le 15 septembre 2022. Au cours de la réunion, les États membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont noté que l'utilisation de la force est totalement inacceptable, ont explicitement nommé l'agresseur - l'Azerbaïdjan, ont souligné l'importance de l'adhésion aux normes du droit humanitaire international, soulignant également le fait que l'infrastructure civile sur le territoire de l'Arménie était visée.

Une étape importante vers la désescalade de la situation a été une réunion quadrilatérale du président Macron, du président Michel, du président Aliyev et de moi-même, à Prague le 6 octobre 2022, où un accord a été conclu sur le déploiement d'une mission d'observation à court terme de l'UE le long de la frontière internationale entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

Lorsque le mandat de cette mission a pris fin le 19 décembre 2022, à la demande de l'Arménie, le Conseil de l'UE a pris la décision de déployer une nouvelle mission civile à part entière (EUMA) sur le territoire de la République d'Arménie pour une période de deux ans.

Au nom du gouvernement arménien, je tiens à exprimer notre gratitude à l'UE et à ses États membres, en particulier au gouvernement de la République fédérale d'Allemagne, pour le soutien apporté à notre demande. La Mission a été lancée le 20 février, et j'ai déjà rencontré à Erevan le chef de la Mission, votre compatriote ayant une grande expérience des déploiements internationaux, M. Markus Ritter.

La Mission jouera un rôle crucial en assurant la sécurité sur le terrain et la stabilité dans la région, ainsi qu'en fournissant des rapports opportuns et fiables sur la situation actuelle à nos partenaires de l'UE et de ses États membres.

Chers collègues,

L'Azerbaïdjan, en violation flagrante des dispositions de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, bloque illégalement le corridor de Latchine reliant le Haut-Karabakh à l'Arménie depuis le 12 décembre 2022.

Ce blocus a entraîné une crise humanitaire. 120 000 Arméniens du Haut-Karabakh ont été privés de gaz naturel, d'électricité, de nourriture, de soins médicaux et d'autres fournitures vitales.

En raison d'une grave pénurie de nourriture et d'autres biens nécessaires, les autorités du Haut-Karabakh ont dû prendre des mesures désespérées, ont émis des coupons alimentaires et rationnent certaines denrées alimentaires. La population n'est alimentée en électricité que de manière irrégulière, par les compagnies d'électricité locales. Les universités, les écoles et les maternelles ont été fermées, ce qui a privé plus de 30 000 étudiants et enfants de leur droit à l'éducation.

Le 20 décembre 2022, à la demande de la République d'Arménie, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU s'est tenue sur la situation causée par le blocus du corridor de Latchine.

L'écrasante majorité des membres du Conseil de sécurité de l'ONU a formulé des demandes claires pour mettre fin au blocus du corridor par l'Azerbaïdjan et assurer l'accès des organisations internationales au Haut-Karabakh. Des dizaines de pays et d'organisations ont condamné de manière ciblée le blocus du corridor de Latchine et ont exhorté l'Azerbaïdjan à y mettre fin. La République d'Arménie a déployé des efforts pour envoyer une mission d'enquête de l'ONU et de l'OSCE dans le Haut-Karabakh et le corridor de Latchine.

En outre, la République d'Arménie a déposé une requête auprès de la Cour internationale de justice des Nations unies, au titre de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CERD), afin d'appliquer des mesures conservatoires pour débloquer le corridor de Latchine. Le 22 février, au début de cette année, la Cour internationale de justice a ordonné à l'Azerbaïdjan de prendre toutes les mesures à sa disposition pour assurer la circulation sans entrave des personnes, des véhicules et des marchandises le long du corridor de Lachin dans les deux sens.

Malheureusement, jusqu'à présent, l'Azerbaïdjan ne s'est pas conformé à la décision de la CIJ et le trafic par le corridor de Latchine est toujours bloqué. Bien que l'approvisionnement en gaz naturel a été rétabli, l'approvisionnement en électricité du Haut-Karabakh, qui est interrompu depuis le 9 janvier 2023, n'a pas encore été rétabli. L'approvisionnement en nourriture se fait toujours par coupons et la population est privée de soins médicaux essentiels. Seules la Croix-Rouge et les forces de maintien de la paix russes sont en mesure de livrer des quantités limitées de nourriture et de produits de première nécessité au Haut-Karabakh, et de transporter les personnes nécessitant des soins médicaux d'urgence vers les hôpitaux arméniens.

L'agressivité croissante de l'Azerbaïdjan à l'égard du Haut-Karabakh montre clairement les intentions de l'Azerbaïdjan : procéder à un nettoyage ethnique des Arméniens. Récemment, le président azerbaïdjanais Aliyev a déclaré que le corridor de Latchine était ouvert aux Arméniens qui voulaient quitter le Karabakh. Cela signifie que le corridor de Latchine est fermé pour les Arméniens qui vivent dans le Haut-Karabakh.

Chers participants,

Malgré ce qui précède, le gouvernement arménien a fait preuve de volonté politique et a pris des mesures décisives pour ouvrir une nouvelle ère de paix et de stabilité dans le Caucase du Sud et s'est engagé de manière constructive dans les négociations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

Le processus de négociation entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan se déroule selon les trois grands axes suivants: Accord sur la normalisation des relations entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, déblocage des communications de transport et des liens économiques dans la région et démarcation et sécurité des frontières.

L'Arménie a accepté de séparer du processus Arménie-Azerbaïdjan le règlement de la question du Haut-Karabakh, dans la logique où un mécanisme de discussions entre Stepanakert et Bakou sera formé. Il est essentiel pour l'Arménie d'établir un mécanisme d'assurance traitant des questions de sécurité et des droits des Arméniens du Haut-Karabakh qui aura une visibilité et une implication internationales.

Sans entrer dans les détails, je voudrais mentionner que les questions humanitaires clés, telles que le retour de tous les prisonniers de guerre Arméniens et l'accès des organisations internationales au Haut-Karabakh, ne sont toujours pas résolues et sont les questions qui nous préoccupent le plus. Nous condamnons fermement les violations continues de la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre par l'Azerbaïdjan, puisque au moins 33 prisonniers de guerre Arméniens ont été condamnés à différentes peines d'emprisonnement sur la base d'accusations totalement inventées. Le refus de l'Azerbaïdjan de rapatrier les prisonniers de guerre Arméniens est une autre violation par l'Azerbaïdjan du point 8 de la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020.

Mesdames et Messieurs,

Un autre aspect de notre vision de la paix régionale est la normalisation des relations avec la Türkiye. Nous sommes prêts à normaliser complètement les relations avec la Türkiye, à établir des relations diplomatiques. Nous espérons l'ouverture complète de notre frontière commune, qui a été fermée unilatéralement par la Turquie au début des années 90.

Nous avons quelques petites preuves, mais pleines d'espoir, que nous avançons. Les représentants spéciaux de nos pays ont convenu d'établir le transport de fret aérien et d'ouvrir les frontières interétatiques aux citoyens de pays tiers en juillet 2022.

En janvier, l'interdiction du transport aérien direct de fret entre la Turquie et l'Arménie a été levée, et nous espérons une mise en œuvre rapide de l'ouverture de la frontière aux citoyens de pays tiers.

J'ai également rencontré le président Erdogan à Prague en marge du sommet de la Communauté politique européenne de Prague 2022, où nous avons discuté des perspectives de normalisation.

L'Arménie a réagi rapidement après le récent tremblement de terre dévastateur en Türkiye. J'ai appelé le président Erdogan pour lui présenter mes condoléances et lui proposer notre soutien. Après cela, nous avons envoyé une aide humanitaire et une équipe de secours dans les zones touchées. Il est très important de préciser que deux convois d'aide humanitaire sont entrés en Turquie par le pont frontalier qui était fermé depuis 30 ans. Notre équipe de secours est également rentrée en Arménie par ce pont.

Le ministre arménien des Affaires étrangères s'est rendu en Turquie, a rencontré son homologue et a réitéré notre volonté de normaliser pleinement nos relations. Bien que les dernières interactions aient été, bien sûr, d'essence purement humanitaire, nous serions toutefois heureux d'avoir des résultats politiques.

Chers amis,

Je tiens à souligner que l'UE est l'un de nos partenaires clés sur la voie des réformes démocratiques. Dans ce contexte, il convient de mentionner que l'Allemagne est un partenaire politique et économique majeur pour l'Arménie, fournissant une aide au développement et un soutien à nos réformes nationales.

Pour poursuivre sur le sujet de la coopération avec l'UE, je voudrais vous informer d'un nouveau format important de l'agenda du partenariat Arménie-UE - le dialogue politique et de sécurité, dont la réunion inaugurale a eu lieu à Erevan en janvier dernier. La discussion sur un large éventail de questions, y compris la situation régionale globale et les perspectives d'approfondissement de notre collaboration dans certains domaines, était non seulement opportune mais a également considérablement enrichi notre programme de partenariat diversifié avec l'UE.

Dans ce contexte, je tiens à souligner que la base de notre coopération avec l'UE est la démocratie. Et selon le dernier "Index de l'évaluation générale des États membres du Partenariat oriental", l'Arménie est arrivée en tête du classement "Démocratie et bonne gouvernance" parmi les pays membres du Partenariat oriental et est leader dans les 5 domaines suivants : lutte contre la corruption, indépendance du système judiciaire, opinion et liberté d'expression, liberté de réunion et d'association, indépendance des médias et droits démocratiques, élections et pluralisme politique.

Malgré tous les défis, nous sommes convaincus que notre architecture de sécurité ne peut être complète sans le respect des droits de l'homme, de l'État de droit et de la démocratie. La démocratie est pour nous une stratégie. Nous poursuivrons les réformes visant à renforcer l'État de droit, à consolider la bonne gouvernance et à lutter contre la corruption, dans le but de garantir la prospérité de notre peuple.

La révolution démocratique de 2018, suivie d'élections législatives anticipées en 2018 et 2021, a prouvé que la voie du développement démocratique de l'Arménie est irréversible. À cet égard, les élections parlementaires de 2021 ont été exceptionnelles : c'était la première fois que des élections en Arménie servaient d'outil pour surmonter la crise politique. Je veux dire la crise politique interne que nous avons connue après la guerre de 44 jours de 2020. Habituellement, les élections déclenchent une crise politique dans notre pays, et ce fut le cas de 1994 à 2018.

Mais cette page est refermée après la révolution démocratique de 2018, et l'Arménie est maintenant un pays démocratique reconnu internationalement. Cependant, les récents défis en matière de sécurité soulèvent la question suivante : la démocratie peut-elle assurer la sécurité ?

Si la démocratie arménienne est capable d'assurer la sécurité - c'est la question qui inquiète légitimement la société arménienne d'aujourd'hui et une question qui doit être abordée par notre gouvernement.

Je vous remercie de votre attention."

Le Premier ministre a ensuite répondu aux questions de l'auditoire. Evoquant la question du déblocage des infrastructures régionales, Nikol Pashinyan a déclaré: "Vous savez, il est très important de noter que parfois les mêmes mots peuvent avoir des significations différentes selon les régions. Ainsi, habituellement, lorsque nous parlons de corridor en Europe, nous voulons dire communication, transport, etc. Mais dans notre cas, la réalité est différente. Pourquoi ? Cela est dû à la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, car dans cette déclaration trilatérale, nous n'avons qu'une seule mention du corridor, et c'est le corridor de Latchine, qui, selon la déclaration trilatérale, devrait être et est hors du contrôle de l'Azerbaïdjan.

Et ceci avec le consentement de l'Azerbaïdjan, et le président de l'Azerbaïdjan a signé la déclaration trilatérale. Dans la même déclaration, nous avons un point sur la communication, qui concerne la communication régionale, les voies de transport, etc. Et il n'y a aucun autre point concernant le corridor qui traverse le territoire de l'Arménie. Il y a une circonstance très importante: lorsque le président de l'Azerbaïdjan a déclaré publiquement que le soi-disant point sur le corridor que vous avez mentionné (corridor de Zangezur-édité) n'existe pas, et que l'Azerbaïdjan lui-même a inventé ce terme après avoir signé la déclaration trilatérale. Selon la déclaration, et c'est avec le consentement du président de l'Azerbaïdjan, le corridor Latchine échappe au contrôle de l'Azerbaïdjan.

D'autre part, nous avons accepté que bilatéralement, non seulement l'Arménie, mais aussi l'Azerbaïdjan, nous devrions ouvrir toutes les voies économiques et de communication. Et il n'y a aucun point selon lequel ces routes devraient échapper au contrôle de l'Arménie. Nous avons déclaré à plusieurs reprises qu'il s'agissait d'une ligne rouge pour nous. D'autre part, nous avons annoncé, et il n'y a pas d'exagération ici, que l'Arménie est prête à ouvrir toutes les communications même demain, même ce soir. D'ailleurs, nous avons eu une réunion trilatérale à Bruxelles le 14 décembre 2021, où nous avons conclu un accord concret pour réparer la voie ferrée, qui passe par le sud de l'Arménie, peut rejoindre la Turquie, l'Iran, la Russie en passant par l'Azerbaïdjan. Nous avions conclu un accord, il avait été publié. Il y avait une nuance très importante. Selon cet accord, le chemin de fer devait fonctionner selon les lois des pays qu'il traversait.

Malheureusement, une semaine après, l'Azerbaïdjan a refusé de signer ce qui avait déjà été convenu en présence du président du Conseil européen, Charles Michel. Alors, où est la nuance ? Dire "Corridor de Zangezur" signifie soutenir les ambitions territoriales de l'Azerbaïdjan envers l'Arménie. Et je veux vous demander de tenir compte du fait que le même mot peut avoir des significations différentes dans différentes régions, dans différentes circonstances politiques. C'est ma réponse."

Évoquant la question de la démocratie en Arménie, le Premier ministre a déclaré: "Je tiens à souligner qu'il n'y a pas de menace interne à la démocratie en Arménie. Je pense que les élections de 2021 l'ont prouvé. Mais, d'un autre côté, nous avons des menaces externes pour notre démocratie. Les escalades continues, la rhétorique agressive et les discours de haine de l'Azerbaïdjan sont une grande menace pour la démocratie arménienne. À propos, je tiens à mentionner un fait très important. Après la guerre de 2020, l'Azerbaïdjan a envahi le territoire souverain de l'Arménie pour la première fois le 12 mai 2021. Et cela s'est produit deux jours seulement après que j'ai démissionné du poste de Premier ministre, et que des élections anticipées étaient prévues. C'est un processus constitutionnel. Si un nouveau Premier ministre n'est pas élu après la démission du Premier ministre, cela signifie que des élections législatives anticipées doivent avoir lieu. Et lorsque nous avons annoncé que nous allions organiser des élections parlementaires extraordinaires, deux jours plus tard, l'Azerbaïdjan a envahi les territoires arméniens.

C'était une tentative d'influencer les résultats des élections, de détruire tous les acquis démocratiques de la République d'Arménie, de créer la situation inverse, d'empêcher les élections d'avoir lieu, de diminuer la légitimité du gouvernement arménien. Mais même dans ces circonstances, nous sommes restés attachés à la démocratie. Et nous avons réussi à organiser des élections libres et démocratiques, et ce n'est pas notre évaluation, c'est l'évaluation de la communauté internationale et des observateurs internationaux."

En réponse à la question sur la situation dans la région, le Premier ministre Pashinyan a déclaré: "Vous savez, la situation dans notre région devient de plus en plus compliquée, car en raison des événements et des développements en Ukraine, toute l'attention internationale est concentrée sur l'Ukraine. Pour cette raison, pendant la crise en Ukraine, une crise très dangereuse se déroule dans notre pays, qui concerne le Haut-Karabakh et l'intégrité territoriale de l'Arménie. Tout d'abord, en mai 2021, l'Azerbaïdjan a envahi le territoire du Haut-Karabakh, dans la zone de responsabilité des forces russes de maintien de la paix, puis nous avons connu une crise majeure en septembre 2022, lorsque l'Azerbaïdjan a lancé une agression militaire à grande échelle contre l'Arménie. Il y a de nombreux facteurs pour ces développements, mais le facteur le plus important est que toute l'attention de la communauté internationale était ou est concentrée sur l'Ukraine. Et cela crée des opportunités encore plus grandes pour l'instabilité dans notre région."

Parlant des Russes qui sont arrivés en Arménie, le Premier ministre a noté que de nombreuses personnes, notamment du secteur informatique, se sont relocalisées en Arménie. "Je pense que cela s'est produit à cause de certains problèmes techniques, parce qu'habituellement ils sont payés par des organisations occidentales, et après les sanctions, ils n'ont probablement pas pu obtenir un salaire et ont décidé de s'installer en Arménie. Peut-être ont-ils aimé notre pays. Et, franchement, nous sommes heureux de leur présence, car elle crée une activité économique supplémentaire dans notre pays. À propos, nous avons enregistré une croissance économique de 12,5 % en 2022. Pas complètement, mais en partie, cela est dû à l'activité des émigrés russes. Je voudrais également dire quelque chose qui n'est pas directement lié à la question, mais qui est lié à notre situation régionale, car les représentants de l'Azerbaïdjan disent souvent que l'Arménie est un pays mono-ethnique, et ils le présentent comme un fait très négatif. Je veux noter que nous avons des mandats pour les minorités nationales dans notre parlement, et c'est obligatoire. Selon notre Constitution, les minorités nationales ont un mandat dans notre Parlement. Et maintenant, nous avons des représentants russes, assyriens, kurdes, yézidis. À propos, les Yezidis sont la plus grande minorité nationale de notre pays, et maintenant nous avons, je pense, quatre mandats garantis et obligatoires pour les minorités nationales, et si je ne me trompe pas, il n'y a pas de mandats pour les minorités nationales au parlement azerbaïdjanais.

Évoquant les relations avec la Turquie, Nikol Pashinyan a déclaré que l'Arménie n'a jamais eu de conditions préalables pour établir des relations avec la Turquie. "Et maintenant, je peux dire la même chose : nous n'avons pas de conditions préalables. Nous pensons simplement que nous sommes voisins et que nous devrions avoir des relations. Et pour être honnête, je ne sais même pas si c'est bien d'en parler maintenant ou non, mais je pense qu'aujourd'hui, le principal obstacle à l'établissement de relations entre l'Arménie et la Turquie est la position de l'Azerbaïdjan, car ce pays exhorte constamment la Turquie à ne pas établir de relations avec l'Arménie. Je n'aurais peut-être pas dû dire cela, mais je veux que vous connaissiez les nuances très importantes du processus. Nous sommes prêts, même aujourd'hui, sans aucune exagération, à ouvrir la frontière. D'ailleurs, nous n'avons pas fermé la frontière, elle a été fermée par la Turquie. Mais aujourd'hui, nous avons fait un pas très important. Comme je l'ai dit, notre aide humanitaire est arrivée en Turquie par la frontière. Bien sûr, notre réaction et notre position étaient entièrement basées sur une approche humanitaire. Mais si la décision d'envoyer de l'aide humanitaire en Turquie a également certaines conséquences politiques, nous en serons heureux", a souligné Nikol Pashinyan.

S'agissant de la question du représentant de l'Azerbaïdjan concernant le corridor Latchine, le Premier ministre a noté: "Permettez-moi d'abord de répondre à la question du représentant du consul d'Azerbaïdjan. Permettez-moi de noter que la Cour internationale de justice a récemment, le 20 février, rejeté la plainte de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie dans un procès parallèle concernant des allégations d'exploitation minière par l'Arménie. La Cour internationale de justice a rejeté les allégations de l'Azerbaïdjan selon lesquelles l'Arménie ou le Haut-Karabagh utilisent le corridor Latchine à des fins militaires. Je pense donc que je n'ai pas besoin de répondre, car la Cour internationale de justice a déjà répondu. Quant à la question de la reconnaissance mutuelle de l'intégrité territoriale, elle a déjà fait l'objet d'un accord. Selon les résultats de la réunion quadrilatérale de Prague, il y a un point selon lequel l'Azerbaïdjan et l'Arménie reconnaissent mutuellement leurs intégrités territoriales et ont convenu que le processus de délimitation devait être basé sur la déclaration d'Alma-Ata de 1991, qui concerne la création de la Communauté des États indépendants. Cette déclaration stipule que les divisions administratives entre les anciennes républiques soviétiques deviennent des frontières d'État. Et selon l'accord de Prague, le processus de délimitation devrait être basé sur ce principe. Mais si je ne me trompe pas, 10 jours après, le président Aliyev d'Azerbaïdjan a annoncé que le processus de délimitation entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan devrait être basé sur des cartes historiques. Qu'est-ce que cela signifie des cartes historiques, alors que nous avons déjà conclu un accord ? Nous avons déjà convenu que nous reconnaissions l'intégrité territoriale de l'autre sur la base de cette déclaration. En outre, le président de l'Azerbaïdjan a récemment présenté une nouvelle initiative appelée "Azerbaïdjan occidental". Savez-vous ce que cela signifie ? Cela signifie que l'Arménie n'a pas de territoire souverain, que tout le territoire de la République d'Arménie est ce qu'on appelle l'"Azerbaïdjan occidental", en disant parallèlement que nous voulons la paix, etc. C'est une situation très étrange. C'est le principal problème de nos relations. Nous sommes parvenus à un accord avec la déclaration trilatérale du 9 novembre 2020, nous l'avons signée. Le président de l'Azerbaïdjan, le président de la Russie et moi-même avons signé ce document. Nous sommes parvenus à un accord. C'était une décision très difficile pour moi, pour l'Arménie. Il y a un point, selon lequel tous les prisonniers de guerre et les personnes détenues devraient être rapatriés, mais jusqu'à présent nous avons 33 prisonniers de guerre, nous avons un civil qui est un prisonnier. C'était un représentant d'une organisation caritative, qui a été attrapé par les Azerbaïdjanais dans le corridor Latchine, et il a été condamné à 25 ans de prison. Vous savez pourquoi ? Trois jours auparavant, il s'était exprimé en direct sur Facebook et avait dit quelque chose qui n'avait pas plu au président de l'Azerbaïdjan. Et maintenant, selon la décision du tribunal azerbaïdjanais, il est un "espion, un terroriste, un meurtrier".

Répondant à la question d'un autre représentant azerbaïdjanais, Nikol Pashinyan a noté qu'en 2018, lorsqu'il est devenu le Premier ministre de l'Arménie, il s'est adressé aux utilisateurs des médias sociaux en Arménie et en Azerbaïdjan lors d'une des conférences de presse, leur demandant de ne pas utiliser cette plateforme pour des discours de haine, une rhétorique agressive et offensive, mais d'essayer de se parler et de comprendre la position de chacun. "Mais, malheureusement, mon initiative a échoué. Mais je suis tout à fait d'accord avec vous. Nous devons nous concentrer sur un avenir positif, sur l'avenir de notre région commune. Car c'est un fait que les trois États du Caucase du Sud - l'Arménie, la Géorgie et l'Azerbaïdjan - ont de très fortes similitudes culturelles. C'est un fait. Et nous devrions nous concentrer sur les aspects positifs. Et vous avez raison, nous sommes intéressés, peut-être l'Arménie est-elle encore plus intéressée par l'ouverture des communications régionales, et c'est la raison pour laquelle l'Azerbaïdjan essaie, pour ainsi dire, de la vendre au prix le plus élevé possible. Nous devrions nous concentrer sur les opportunités positives pour la paix et la coopération. L'agenda de la paix est ma responsabilité, et j'aimerais recevoir un certain soutien de la part du public azerbaïdjanais également. À la fin de notre réunion, je tenterai de me concentrer sur les aspects positifs. Ce que j'attends de la communauté internationale, c'est qu'elle fasse clairement savoir que toute provocation recevra une réponse très dure de la part de la communauté internationale, et qu'il est très important de maintenir la stabilité. J'insiste sur le fait que cela n'a pas d'importance du côté de l'Arménie ou de l'Azerbaïdjan, car nous avons maintenant des observateurs dans la région, et l'UE n'aura plus besoin de demander de quel côté était l'initiateur. Vous avez maintenant votre propre source d'information. D'une manière générale, je voudrais dire que notre équipe politique, la majorité parlementaire, a pris la responsabilité de l'agenda pour la paix, et nous avons maintenant un mandat pour l'agenda pour la paix. Nous nous concentrons sur la mise en œuvre de ce mandat. Et nous avons besoin du soutien de la communauté internationale, des nations de notre région, et nous sommes prêts à assumer cette responsabilité jusqu'à ce que nous parvenions à une paix définitive et durable. Et récemment, j'ai annoncé à notre parlement et à notre gouvernement que j'étais pleinement déterminé à signer un traité de paix avec l'Azerbaïdjan, mais il ne doit pas s'agir d'un document rappelant une capitulation pour l'Arménie. Il devrait s'agir d'un document de paix réel et durable pour notre région, et je suis prêt à assumer cette responsabilité au nom de la paix, de la stabilité et de la coopération régionale et internationale. C'est ma conclusion finale de notre discussion d'aujourd'hui. Je vous remercie ", a conclu le Premier ministre Pashinyan.

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