Discours et messages
Discours de clôture du Premier ministre Nikol Pashinyan à l'Assemblée nationale lors de la discussion du rapport sur l’exécution du programme 2021 du gouvernement
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Honorable Président de l'Assemblée nationale,
Chers Vice-présidents,
Distingués membres de l'Assemblée nationale,
Chers ministres,
Chers étudiants du 198e lycée d'Erevan,
Chers compatriotes,
Je vous remercie pour la discussion sérieuse. À mon avis, la discussion qui a eu lieu et qui qui continue d'avoir lieu dans cette salle est très importante.
Je voudrais commenter certaines des réactions qui ont suivi mon discours d'hier. Tout d'abord, je veux faire référence à la réponse de Serge Sarkissian, car il a répondu à une question clé et très importante. Hier, j'ai présenté la chaîne des événements qui se sont déroulés de 1998 à 2018, et ce n'est pas par hasard que Serge Sarkissian a évoqué un seul épisode de cette discussion de trois heures, en disant qu'il n'a jamais négocié sur le règlement "étape par étape" de la question du Karabakh, et qu'il a, je peux même citer, "J'ai parlé publiquement à plusieurs reprises de la différence entre le règlement "étape par étape" et la solution "globale", et j'ai également expliqué en détail que la version globale ne peut pas être mise en œuvre en un jour ou une heure, mais doit être mise en œuvre par étapes."
En d'autres termes, je pense que le débat sur ce sujet s'arrête ici, mais je veux attirer votre attention sur un fait : pourquoi seul Serge Sargsyan a-t-il réagi à cet épisode ? Parce que par la précision de cet épisode, une autre question fondamentale devient résolue : le changement de pouvoir en 1998 n'était pas pour le statut du Karabakh, pas pour sauver le Karabakh de quelque chose, mais pour prendre le pouvoir. C'est pourquoi il se réfère seulement à cet épisode, parce que l'explication de seulement cet épisode, sans détails, souligne que l'histoire de 20 ans avait un contexte complètement différent. C'est très important aujourd'hui. Et ce n'est pas un hasard si, après la guerre de 2020, Serge Sarkissian, parlant de 2018, a déclaré qu'à cette époque, après deux mandats présidentiels, il voulait rester Premier ministre afin de régler la question du Karabakh. Comprenez-vous qu'ils obtiennent une légitimité pour tout à travers la question du Karabakh ? Mais il oublie qu'il a annoncé d'ici qu'il restait au pouvoir pour résoudre la question du Karabakh. Comment allait-il résoudre la question du Karabagh alors qu'il a déclaré depuis cette même tribune, le 17 avril 2018, que les pourparlers sont bloqués, n'inspirent pas l'optimisme et que les attentes de l'Azerbaïdjan vis-à-vis du processus de négociation sont irréalistes et inacceptables pour nous. Allait-il accepter les demandes irréalistes de l'Azerbaïdjan ?
Ensuite, il a répété depuis cette tribune que nous ne devrions pas espérer longtemps que l'Azerbaïdjan ne tente pas de résoudre la question du Karabakh par des moyens militaires. Voilà la réponse à la question de savoir qui est réellement responsable de la guerre ou, pour ainsi dire, qui est responsable de la situation de guerre. Notre gouvernement est-il responsable de la guerre ou non ? Lorsque je dis que oui, la guerre aurait pu être évitée, c'est un genre appelé grotesque, je veux dire que la guerre aurait pu être évitée en répondant à ces demandes irréalistes et inacceptables mentionnées par Serge Sarkissian. Regardez de plus près le sujet de mon texte.
Mais revenons au discours du paquet étape par étape. Hier, la députée Maria Karapetyan a présenté ce que signifiait la variante "étape par étape" en 1997. En 1997, il était prévu de diviser la question en plusieurs parties, d'abord la question du Karabakh, puis le traité de paix. La version 2018 envisage la même chose, il en va de même pour la version 2016. Il est très clairement écrit dans cette version que ces principes initiaux sont convenus, puis les négociations entre les gouvernements commencent, et un point très important - avec la participation des représentants du Haut-Karabagh. Maintenant, nous allons dire que c'est une bonne chose - avec la participation des représentants du Haut-Karabakh. C'est ici que de dire les représentants du Haut-Karabakh signifierait les Arméniens du Haut-Karabakh et les Azerbaïdjanais du Haut-Karabakh. Et c'est là que les Azerbaïdjanais du Haut-Karabakh s'assiéraient à la table des négociations avec cette proposition de règlement, et il n'y aurait pas de règlement tant que la question ne serait pas réglée, tant que la question de Chouchi ne serait pas réglée, qui est sur la table depuis 1996. Serge Sarkissian céderait-il Chouchi ? Sinon, il y aurait la guerre. Et pas seulement Chouchi. Céderait-il certaines parties du Karabakh ? Ils disent que le corridor de Lachin aurait dû être ainsi. Il n'y a rien dans aucun document de négociation sur la largeur du corridor de Lachin. Cela a dû être discuté plus tard. Et un autre point a été ajouté à cette proposition progressive : le statut du Haut-Karabakh ou le statut en cours du Haut-Karabakh devait être décidé lors de la session du Conseil de sécurité. Et aujourd'hui, ils disent que nous nous rendons, que nous avons cédé ou que nous voulons céder le Karabakh. Si nous voulions rendre le Karabagh, nous poursuivrions la logique de négociation laissée par Serge Sarkissian jusqu'au bout, ce qui conduirait à rendre le Karabagh, car même si un référendum devait avoir lieu, il devait se dérouler dans les délais convenus entre les parties. J'ai parlé de ces détails, maintenant je ne veux pas entrer dans plus de détails. L'Azerbaïdjan a dit très clairement qu'au moins au cours des 50 prochaines années, il n'y aura pas de référendum, ils ont dit qu'il fallait laisser les Azerbaïdjanais retourner au Karabakh, vivre ensemble pendant 50 ans, côte à côte, les localités azerbaïdjanaises seront habitées, ils reviendront pendant 50 ans, 100 ans, puis après 100 ans nous verrons, ils n'ont accepté aucune autre condition. Maintenant on nous dit que nous avons cédé Chouchi. Non, la guerre était pour Chouchi.
Ils disent que nous aurions dû arrêter la guerre, ou l'empêcher - n'avons-nous pas pensé à arrêter ou empêcher la guerre ? Il n'était pas possible d'arrêter ou de prévenir la guerre sans Chouchi, ce n'était tout simplement pas possible. Je l'ai dit plusieurs fois, et nos soldats qui sont tombés, gloire à eux, ils se sont battus pour ce droit. Ils se sont battus pour avoir la possibilité de ne pas rendre le Karabakh, ce dont je parle, c'est de ne pas rendre le Karabakh, chers collègues. Notez, il s'agit de ne pas se rendre, parce que si nous allions dans l'autre sens, nous rendrions le Karabakh. Les incidents de Parukh en sont un bon exemple, coup par coup. Il suffit de se tromper les uns les autres.
Il y a beaucoup de discussions depuis hier, les gens demandent ce que j'ai dit, ce que mon discours signifie. J'ai également pensé à mon discours d'hier, à ce qu'il signifiait et, je suis désolé de devoir évaluer mon discours moi-même, mais, oui, j'ai une évaluation claire de mon discours d'hier. Avec ce discours, nous avons ouvert un espace pour la République d'Arménie, pour l'Artsakh, car pendant tout le processus de négociation de la période précédente, l'Arménie et l'Artsakh ont été privés d'espace politique et diplomatique. Nous ouvrons une voie pour l'Arménie et l'Artsakh. Nous ouvrons une voie pour que l'Arménie et l'Artsakh maintiennent leur statut d'État. Parce que des pensées exotiques sont exprimées, ces pensées sont exprimées comme une menace que si quelque chose ne se passe pas de telle ou autre manière, nous ferons sortir le peuple du Karabakh du Karabakh ou le peuple du Karabakh partira. On a l'impression qu'il y a des gens qui rêvent que la population quitte le Karabakh dès que possible. Non, nous disons que le peuple du Karabakh ne devrait pas quitter le Karabakh, le peuple du Karabakh devrait vivre au Karabakh, le peuple du Karabakh devrait avoir des droits, des libertés, un statut au Karabakh․ C'est de cela que nous parlons, et oui, nous avons ouvert cet espace. Nos martyrs sont tombés afin d'ouvrir une perspective pour le Karabagh et l'Arménie, parce que depuis 1998, avec ces versions étape par étape, les Arméniens avaient été privés de cet espace.
Nous ouvrons la voie pour faire sortir notre peuple, mille excuses, du statut d'agneau sacrifié, et enfin, bon, comprenons pourquoi cette guerre a eu lieu, et pourquoi la guerre de 2016 n'a pas eu lieu plus tôt. Ce n'était pas à nous de décider si la guerre devait être ou non, nous n'avons rien décidé. Je suis à cette tribune aujourd'hui et je dis non, l'Arménie est un État souverain, nous devons rendre le droit de décider des choses, parce que nous sommes un pays, pas une étable. Nous sommes un pays, nous sommes des citoyens, nous ne sommes pas un agneau sacrifié pour que d'autres décident combien et comment nous abattre et combien nous pardonner. Nous sommes un État, nous sommes une nation, nous sommes souverains, oui nous nous respectons, et oui, nous saignons, mais nous avons de la dignité et nous ne laisserons pas quelqu'un d'autre décider ou nous enlever nos droits en nous manipulant, en introduisant des modèles de patriotisme, en nous disant que nous devons être patriotes de la manière qui est dans notre intérêt. Nous devons être patriotes dans l'intérêt de ces enfants. Je ne sais pas ce qu'on leur dit, je ne sais même pas ce que leurs enseignants leur disent, mais aujourd'hui je leur dis que je ne permettrai pas que nos générations soient maintenues dans le statut d'agneau sacrificiel. Nous parlons tellement que nous avons été massacrés, soumis à un génocide, eh bien, ne va-t-on pas enfin comprendre les raisons profondes qui se cachent derrière cela ?
Jusqu'à quel point est-il possible de jouer sur les émotions des victimes ? Je me suis agenouillé sur les tombes des victimes, et je sais et j'ai dit pour quoi nos martyrs sont tombés. Ils sont tombés pour nous obliger à ne pas permettre d'être maintenus dans le statut d'agneau sacrificiel pendant des siècles. Nous sommes un État, nous sommes un pays, nous sommes des citoyens, nous sommes un peuple fier, nous avons une histoire millénaire, mais nous devons écrire et apprendre notre histoire nous-mêmes, au lieu de laisser les autres écrire notre histoire et nous livrer cette histoire.
Une évaluation très correcte a été faite: l'Azerbaïdjan veut-il la paix ou dans quelle mesure ce que nous disons est acceptable pour l'Azerbaïdjan ? Ce sont des préoccupations très fondées, mais il s'agit d'autre chose. Quand je dis que nous avons ouvert un espace devant nous, je veux dire, eh bien, en fin de compte, nous devons mettre des questions à l'ordre du jour, nous devons remplir l'agenda régional avec du contenu. Cela fait partie du même processus. Il est assez de nous imposer constamment des agendas, comprenez-vous que nous n'avons jamais imposé aucun agenda ? Pourquoi et combien de terres avons-nous préservées ? Nous avons préservé aussi longtemps et autant que cela a été au bénéfice de beaucoup d'autres. Comprenons ceci, eh bien, combien de temps cela va-t-il continuer ? C'est à nouveau le Vendredi saint et la Bible dit : "Vous écouterez et vous écouterez, mais ne comprendrez pas ; vous regarderez et vous regarderez, mais ne percevrez pas ". Assez, nous avons regardé si longtemps, voyons, nous avons écouté si longtemps, percevons.
Parce que maintenant nous ne parlons pas de choses en cours, nous parlons d'être ou de ne pas être de l'Arménie et de l'Artsakh. L'Arménie et l'Artsakh, d'ailleurs, c'est très important, ce ne sont pas seulement des morceaux de terre, parce que tous les anciens morceaux de terre de l'Arménie existent encore sur la planète. L'Arménie, c'est un peuple, c'est un statut, c'est un État, c'est un sujet de relations juridiques internationales. C'est ce que nous voulons. Et, oui, il y a beaucoup d'agressions autour de nous, cette agression n'est pas seulement là où nous la voyons, cette agression est dans beaucoup d'autres endroits. Que faire face à cette agression ? Nous devons gérer cette agression. Cette agression doit être gérée, il n'y a pas d'autre option.
Et je suis heureux que nous ayons eu cette discussion. Une question très importante a été soulevée. Ils disent, ramenez les soldats conscrits, emmenez ceux qui sont sous contrat à la frontière. Mais je suis désolé, si une guerre éclate, ces conscrits doivent tous aller au front. Nous ne voulons pas enlever les conscrits, les remplacer par les soldats sous contrat, nous voulons ramener tout le monde, parce que nous voulons avoir une frontière et des gardes-frontières. Chères gens, aujourd'hui ils disent qu'ils ont assuré la paix. Tant qu'il y a un soldat à la frontière, ce n'est pas la paix. La paix, c'est quand il y a un garde-frontière à la frontière, et que les problèmes sont réglés par les marques de la frontière, pas par les positions, les fortifications, les hauteurs, la prudence des snipers. Nous avons eu environ 1 000 victimes pendant la période dite de paix, certaines dans des conditions de non-combat. Ce n'est pas la paix.
C'est ce que je veux dire, et je veux vous remercier pour la discussion, car elle était si importante. Dans l'ensemble, nous devons dire que le contenu que j'ai présenté est né et a évolué à la suite de nos nombreuses discussions, débats et conversations. On a beaucoup parlé de ce discours, et maintenant les noms des victimes sont beaucoup spéculés, nos martyrs sont beaucoup manipulés. Je veux juste terminer le discours, la discussion de cette question, par une minute de silence en l'honneur de nos martyrs, notre hommage à eux, parce que l'ordre du jour que nous proposons est la manière la plus importante d'honorer leur mémoire, de rendre le respect dû à leurs sacrifices.
Merci.